La fédération Les Républicains des Alpes-Maritimes, présidée par le député (LR) Éric Ciotti, vient de voter à 84% contre le soutien au président Renaud Muselier pour les élections régionales de juin prochain. Une manière de sanctionner l’alliance entre la liste du président sortant avec La République En Marche.
«Nous avons malgré les engagements qui avaient été pris devant le commission nationale d’investiture, constaté que Renaud Muselier avait passé un accord politique avec le pouvoir macronien», déplore ce lundi soir Eric Ciotti le député des Alpes-Maritimes, trois jours après la présentation officielle de la liste du président sortant du Conseil Régional PACA Renaud Muselier. Une liste qui compte quinze candidats de la majorité présidentielle (dont sept LREM) sur un total de 135. «Cet accord a été directement négocié et imposé par l’Elysée pour essayer de déstabiliser notre famille politique à moins d’un an des élections présidentielles, renchérit Eric Ciotti qui préside également la Commission Nationale d’Investiture de LR. Cette alliance constitue une insulte faite aux militants et à nos candidats engagés aux élections départementales», ajoute-t-il.
Or la riposte du camp de Renaud Muselier n’a pas trainé. «Manifestement, Éric Ciotti décide de passer outre la décision de la CNI et du Président Christian Jacob, rétorque sur Twitter Pierre-Paul Leonelli, vice-président du Conseil régional Paca et colistier du sortant. Il poursuit son œuvre de démolition de notre famille politique et sera le seul responsable en cas de défaite».
Un psychodrame sans fin au sein du parti Les républicains ?
Cette décision prise par la plus importante fédération LR au niveau national est un nouveau croche-pied à Renaud Muselier qui, vendredi encore, martelait avoir fait appel aux meilleurs pour porter son projet à la Région. Après l’annonce de l’alliance par le Premier Ministre Jean Castex au début du mois de mai, un psychodrame avait agité le parti Les Républicains.
Il opposait ceux comme le maire de Nice Christian Estrosi qui étaient favorables à un rapprochement avec la majorité présidentielle et ceux à l’instar d’Éric Ciotti qui refusaient catégoriquement cette option au sein du parti. Finalement, malgré la volonté de certains dont le maire Les Républicains de Cannes David Lisnard de voir une liste estampillée LR concourir lors du scrutin des 20 et 27 juin contre celle de Renaud Muselier, ce dernier avait fini par arracher le soutien de sa famille politique mais pas l’investiture qu’il n’avait d’ailleurs pas demandée.
Deux barons en guerre dans les alpes-maritimes
Cette absence de soutien de la fédération azuréenne LR constitue une étape de plus dans l’affrontement opposant Christian Estrosi (qui a démissionné des Républicains il y a dix jours tout comme le maire de Toulon Hubert Falco mais qui conduisent tous deux la liste de Renaud Muselier dans le Var et les Alpes-Maritimes) et Éric Ciotti qui n'a de cesse de fustiger l’action du Président de la République et que certains considèrent comme un «sous-marin» du Rassemblement National.
Entre le maire de Nice et le député azuréen (jadis unis à la tête de la mairie de Nice), le torchon brûle depuis les législatives de 2017 après le recrutement au sein du cabinet de Christian Estrosi de la candidate LREM Caroline Reverso Meinietti qui s’était présentée face à Éric Ciotti lors de cette élection.
Au début du mois, le Canard Enchaîné révélait qu’Éric Ciotti aurait passé un accord avec le Rassemblement National pour éviter que l’identitaire Philippe Vardon ne se présente face à lui dans cette circonscription...pour lui faciliter la tâche. Fin avril, Éric Ciotti avait du reste mis le feu au poudre au sein du parti Les Républicains en déclarant dans une interview à Valeurs Actuelles : «ce qui nous différencie du RN, c'est notre capacité à gouverner».
Le député indiquant qu’il s’abstiendrait de voter Renaud Muselier en cas de duel face à son concurrent le RN Thierry Mariani. Une démarche interprétée par certains de ses adversaires comme un soutien implicite au candidat de Marine Le Pen lors des élections régionales de juin prochain ?