L'homme qui a abattu mardi son patron et un collègue dans un village des Cévennes a été mis en examen dimanche pour «assassinats», a annoncé le procureur de Nîmes Eric Maurel.
«Valentin Marcone a gardé le silence devant le juge d'instruction», a précisé le magistrat, qui a requis le placement en détention provisoire de cet homme de 29 ans qui avait avoué le crime devant les enquêteurs.
La garde à vue de Valentin Marcone a été levée ce dimanche après-midi. Le principal suspect du double meurtre, mardi dernier aux Plantiers (Gard), doit ensuite être déféré devant un juge d’instruction sous la qualification d’assassinat sur les deux victimes. Les «éléments sur une préméditation sont multiples», a confié ce dimanche Eric Maurel, le procureur de la République de Nîmes, lors d’une conférence de presse. «Il est venu sur son lieu de travail avec une arme approvisionnée».
Fugitif des Cévennes : «Rien ne permet de dire qu'il est paranoïaque», selon le procureur de Nîmes. pic.twitter.com/0VMfbpxYhT
— CNEWS (@CNEWS) May 16, 2021
Le magistrat a partagé la version de l’accusé sur le jour du drame. «L’intéressé a dit qu’il a eu une altercation avec son employeur et un collègue de travail au sujet de ses conditions de travail et notamment le paiement des heures supplémentaires. Il a eu un échange de mots, a ouvert deux vêtements avant de s’emparer de son arme», a-t-il détaillé.
Le procureur a également rappelé que l’«assassinat peut être puni d’une réclusion criminelle à perpétuité».
Eric Maurel est ensuite revenu sur la compréhension du principal suspect : «Rien ne dit s’il est paranoïaque. Au sens commun du terme, c’est quelqu’un qui avait peur de certaines personnes du village. D’où le port d’un gilet pare-balle depuis trois ans et l’arme de poing sous ses vêtements depuis plusieurs mois». De plus, le meurtrier présumé avait fait installer du matériel vidéo à son domicile. Ce qui a également donné des indications aux enquêteurs.
«il se considère comme une victime qui a réagi»
D’après des éléments de l’enquête, il serait parti dans la forêt avec au moins deux armes et s’est débarrassé de l’arme de poing qui pourrait avoir servi pour les meurtres. Des expertises sont toujours en cours.
Dans les bois, Valentin Marcone se serait caché durant plusieurs heures «dans un trou à sanglier aménagé à mains nues». D’après les enquêteurs, le jeune homme de 29 ans était «affaibli par la fatigue, le stress et le manque de nourriture». S’il a pensé au suicide durant sa cavale, il a confié aux forces de l’ordre ne pas avoir eu le courage de passer à l’acte.
Si Valentin Marcone s’est montré «coopératif» et «cohérent» lors de sa garde à vu, il n’a pas exprimé de regret sur le double meurtre car il se considère comme une victime qui a réagi», a précisé le colonel Bertrand Michel lors de la même conférence de presse.
D’après ce dernier, le suspect est «quelqu’un qui fait confiance aux institutions, a déposé des plaintes, fait appel aux prud’hommes. Il semblerait que finalement ce garçon, très axé sur le respect de la règle, ait pu ressentir de la déception de la part des institutions qui n’ont pas répondu à ses attentes, il aurait finalement décidé que c’était à lui de régler ses problèmes».
Le fonctionnaire a toutefois appelé à la retenue sur cet aspect de l’enquête, car c’est encore «quelque chose de peu construit et peu étayé» pour le moment.