«Les points sur les i plutôt que le point médian», a plaisanté Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education a interdit l'usage de l'écriture inclusive à l'école.
Il a fait part de sa décision ce 6 mai, dans une circulaire transmise aux rectorats et aux personnels du ministère de l'Education nationale.
Notre langue est un trésor précieux que nous avons vocation à faire partager à tous nos élèves, dans sa beauté et sa fluidité, sans querelle et sans instrumentalisation.
Les points sur les i plutôt que le point median: https://t.co/s2vLao0x6q— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) May 6, 2021
L'écriture inclusive est «complexe» et «instable», a justifié Jean-Michel Blanquer. Le ministre de l'Education s'est ému des difficultés de compréhension qu'elle pourrait susciter chez les enfants. D'après lui, l'écriture inclusive est susceptible «d'entraver les efforts des élèves présentant des troubles d'apprentissage» et constitue «un obstacle à l'acquisition de la langue comme de la lecture».
Dans sa ligne de mire : le point médian. Cet outil de l'écriture inclusive permet de donner de la visibilité aux deux sexes, en écrivant par exemple «professeur.e.s» au lieu de «professeurs». Ce type de graphie «gêne la lecture à voix haute comme la prononciation, et par conséquent les apprentissages», dénonce Jean-Michel Blanquer. «Contrairement à ce que pourrait suggérer l'adjectif "inclusive", une telle écriture constitue un obstacle pour l'accès la langue d'enfants confrontés à certains handicaps ou troubles des apprentissages», assène-t-il.
Vers une féminisation des métiers
Mais l'écriture inclusive ne se cantonne pas au point médian. Le principal objectif est «d'assurer une égale représentation entre les deux sexes», selon le Manuel d'écriture inclusive. Une volonté qui passe certes par le point médian, mais aussi par la féminisation des titres ou des grades (une présidente, une professeure, etc) et par le boycott des expressions génériques comme «la Femme»ou «l'Homme». A «droits de l'Homme», on préférera par exemple «droits humains».
Jean-Michel Blanquer ne s'oppose pas à ces deux derniers points. Dans sa circulaire, il affirme que «l'intitulé des fonctions tenues par une femme doit être systématiquement féminisé». Il prône aussi «le respect de l'égalité entre les filles et les garçons» dans «le choix des exemples ou des énoncés en situation d'enseignement».
En ce qui concerne l'Académie française, celle-ci se positionne contre l'écriture inclusive. Elle l'a d'ailleurs qualifiée de «péril mortel» en 2017. Elle a tout de même adopté certains de ses principes, notamment la féminisation des métiers.