Kamel Agag-Boudjahlat, présenté il y a quelques jours comme tête de liste Rassemblement national dans le Territoire de Belfort, a annoncé ce lundi son retrait. Il explique qu'il souhaitait simplement «infiltrer» le parti d'extrême droite.
Comme il le confie à nos confrères de l'Est Républicain, il a voulu être candidat aux régionales, prévues les 20 et 27 juin prochains, «pour faire le buzz». Son véritable objectif : être élu conseiller régional, pour ensuite «tomber le masque» et démissionner, tout en gardant son mandat, et donc sa capacité à faire changer les choses.
Mais il a finalement dû revoir ses plans très vite. Car comme le rappelle le journal local, la candidature de Kamel Agag-Boudjahlat a provoqué de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, et pas que bienveillantes. Des internautes s'en sont en effet pris à lui, mais également à certains membres de sa famille, à commencer par sa soeur, l'essayiste féministe et laïque Fatiha Agag-Boudjahlat.
«C’est allé trop loin, je mettais en danger les membres de ma famille, avec un déferlement de haine, injures et menaces sur les réseaux sociaux», a fait savoir l'homme de 37 ans, père de trois enfants. «Quand j'ai vu des gens qui partagent mes valeurs s'effondrer à cause de mon engagement au RN, je me suis dis que je n'allais pas pousser le jeu aussi loin, juste pour avoir un poste de conseiller régional», explique-t-il à France Bleu.
Vendredi dernier, Kamel Agag-Boudjahlat était pourtant au côté de Julien Odoul, candidat du Rassemblement national en région Bourgogne-Franche-Comté. Celui qui travaille «dans les métiers de l'éducation et de la sécurité» expliquait s'être engagé avec le parti d'extrême droite afin de «faire face à l'insécurité explosive et grandissante» (alors que la sécurité ne relève pas de la compétence des régions, ndlr), et, à terme, «servir de tremplin pour l'accession au trône de Marine Le Pen».
Mais maintenant que son masque est tombé et que ses véritables intentions sont connues, Kamel Agag-Boudjahlat l'assure, il appelle à voter «contre le Rassemblement national» le 20 juin prochain. Plus tard, il pourrait même écrire un livre sur cette expérience, «car ce parti que j'ai vécu de l'intérieur n'a pas changé par rapport au Front national. Il surfe sur la haine de l'autre, la théorie du complot et du chaos. Et joue beaucoup sur les violences urbaines», explique l'homme, originaire de Montbéliard.