Alors que l'enquête autour de l'enlèvement de la petite Mia se poursuit, un juge d'instruction de Nancy a délivré un mandat d'arrêt international contre l'ancien membre du Modem Rémy Daillet, soupçonné d'être l'«animateur» présumé de la «mouvance» anti-système des ravisseurs de la petite fille, a confirmé mardi le procureur de la République de Nancy François Pérain.
L'homme aurait influencé les cinq auteurs présumés de l'enlèvement, qui ont été mis en examen à Nancy, alors que Mia et sa mère, qui avait commandité son rapt, ont été retrouvées dimanche en Suisse.
«Ce mandat d'arrêt a été pris au regard de plusieurs éléments, dont les auditions de certaines des personnes placées en garde vue et mises en examen», précise le magistrat dans un communiqué. «Au regard de ces éléments, Rémy Daillet apparaît comme l'animateur principal de la 'mouvance' dans le cadre de laquelle s'inscrivent les mis en cause».
Rémy Daillet-Wiedemann, âgé de 54 ans, «aurait joué un rôle dans l’organisation de l'enlèvement et aurait ainsi fourni les coordonnées de l'accueillante de la mère et de l’enfant à Neuchâtel», a précisé le magistrat.
Depuis plusieurs années, cet ancien cadre du Modem de Haute-Garonne, qui vit en Malaisie, est devenu une figure du mouvement complotiste. Il se prononce ouvertement contre la 5G et pour la sortie de la France de l'Europe. Plus récemment, il s'est opposé au port du masque qu'il juge «inutile», ainsi qu'au confinement.
Décrit comme quelqu'un d'«extrême», «mythomane» et «mégalomane», Rémy Daillet-Wiedemann a fini par être exclu du Modem en Haute-Garonne, dont il avait pris la tête dans les années 2000. Il a poursuivi son combat sur les réseaux sociaux, et s'est prononcé notamment sur la «fin du placement abusif d'enfants». Il défend le principe de l'école à la maison, en rupture avec l'Education Nationale.
La petite Mia, 8 ans, avait été enlevée mardi dernier à la demande de sa mère par plusieurs hommes alors qu'elle était hébergée chez sa grand-mère maternelle dans les Vosges. Sa mère n'avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone. Une alerte enlèvement avait rapidement été diffusée et d'importants moyens policiers, en France et dans plusieurs pays frontaliers, ont permis de la retrouver dimanche matin avec sa mère en Suisse, dans un squat de la commune de Sainte-Croix. Les cinq hommes qui ont organisé son kidnapping sont poursuivis pour «enlèvement en bande organisée d'une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs». Quatre d'entre eux ont été placés en détention. Lola Montemaggi, la mère de la fillette, ainsi qu'un ressortissant français qui l'a aidée en Suisse, sont quant à eux en détention dans le canton de Vaud dans l'attente d'une procédure d'extradition.