Le confinement du printemps 2020 a-t-il eu d'autres effets que celui de limiter la propagation du coronavirus ? D'après Santé publique France, oui. Une étude de l'agence nationale montre que ces huit semaines singulières ont entraîné une baisse de la pollution de l'air ambiant, elle-même à l'origine d'une réduction de la mortalité.
Cela s'explique par le «ralentissement massif de l'activité et de la circulation de la population» imposé par le premier confinement, le plus strict connu dans l'Hexagone. Santé publique France cite notamment les études menées par Atmo France, du 1er au 31 mars 2020, et l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris).
Toutes deux ont révélé «une diminution des concentrations moyennes en oxydes d'azote (NOx)», dont la source principale est le trafic routier. Les baisses des niveaux de particules (PM2,5 et PM10) étaient quant à elles plus modérées bien qu'existantes, sachant que ces polluants sont un indicateur d'une «pollution de fond», aux origines multiples. Selon Santé publique France, cela signifie que le confinement n'a pas eu d'effet sur certaines sources d'émission, comme le chauffage ou les épandages agricoles.
Son impact sur le niveau de pollution de l'air a toutefois été suffisant pour éviter 2.300 décès liés à l'exposition aux particules et 1.200 morts relatives aux émissions de dioxyde d'azote (NO2), d'après les estimations de l'agence nationale de santé publique. Des résultats qui, selon cette dernière, indiquent une corrélation directe entre réduction de la pollution de l'air et diminution de la mortalité.
La dernière Evaluation quantitative d'impact sanitaire (EQIS) menée sur le sujet par Santé publique France suggère une baisse des décès liés à la pollution de l'air. Elle attribue 7% de la mortalité totale en France, entre 2016 et 2019, à une exposition aux PM2,5, contre 9% sur la période 2007-2009.
«Tirer les enseignements» du confinement
Mais le phénomène reste malgré tout «un risque conséquent» dans l'Hexagone, puisque, chaque année, 40.000 décès sont attribuables à une exposition aux particules fines, 7.000 à une exposition au dioxyde d'azote. Soit respectivement 7% et 1% de la mortalité totale annuelle. Globalement, cela constitue une perte d'espérance de vie de près de 8 mois (7,6) concernant les PM2,5 et de 1,6 mois pour le NO2.
Aussi, dans le cadre de son programme de surveillance Air et santé, Santé publique France encourage a «tirer au mieux les enseignements» du confinement du printemps 2020. L'agence nationale pointe les mesures efficaces repérées durant cette période, notamment «la baisse du trafic dans les zones urbaines» ou «la diminution des émissions industrielles».
Cela concerne aussi des «changements comportementaux», à adopter individuellement, tel que le télétravail ou les modes de déplacement plus verts. Par ailleurs, le premier confinement a permis de mettre le doigt sur les points à améliorer, comme les techniques de chauffage, les pratiques agricoles ou encore la rénovation thermique des logements.
Evidemment, cette étude ne préconise pas le confinement perpétuel pour améliorer la qualité de l'air. D'ailleurs, l'agence nationale de santé publique souligne la nécessité de considérer les indicateurs de santé de manière transversale, puisque les restrictions sanitaires ont également eu des effets néfastes pour la population (troubles de la santé mentale, retard dans le dépistage de maladies, augmentation de la sédentarité...).
Néanmoins, si cette période a constitué un «contexte inédit qui n'est certainement pas réaliste ni souhaitable», Santé publique France estime qu'elle a montré que «les mesures d'actions publiques» peuvent constituer «un levier efficace» pour réduire la pollution de l'air et son impact sur la santé des Français.