La Ville de Paris va expérimenter la mise en place de quotas, afin de réguler le nombre de meublés touristiques dans les quartiers les plus prisés de la capitale. Un vœu en ce sens a été voté ce mardi 13 avril par les élus réunis au Conseil de Paris.
Cette expérimentation – qui sera réalisée en lien avec l'Etat – repose sur un principe simple : «établir un système de quotas», voire même «interdire par rue ou par quartier [le nombre de meublés touristiques] dans les zones tendues de Paris» telles que le centre de Paris, le Marais ou Montmartre, selon le vœu présenté aux élus parisiens ce mardi.
Cette idée a été reprise parmi les propositions issues d'une conférence citoyenne réunissant 26 personnes tirées au sort, chargées de «construire une réflexion collective autour de la question de la régulation des meublés touristiques» selon l'un des membres, Jean Augustin.
Le groupe de citoyens a en effet préconisé d'établir des quotas, qui «pourraient être organisés en roulement», afin d'éviter de nouvelles locations dans les quartiers confrontés à la pénurie de logements. Un «avis citoyen» qui s'inspire ouvertement de l'exemple de Barcelone, ville pionnière dans la régulation des plates-formes de location comme Airbnb, Booking.com, Tripadvisor ou Abritel/Homeaway. «La ville de Barcelone a démontré que c'était juridiquement possible et efficace pour résoudre les éventuels problèmes liés aux mauvaises conditions de cohabitation entre les habitants et les touristes», a ainsi fait savoir une autre membre de la conférence citoyenne, Annabelle Boudon.
[Thread] Restitution des conclusions de la conférence citoyenne : faut-il aller plus loin dans la régulation des meublés touristiques ?
La Maire de Paris salue le travail des citoyens pour répondre à cet enjeu fondamental pour le logement à #Paris #ConseildeParis @Anne_Hidalgo— Frédéric Hocquard (@Fredhoc) April 13, 2021
«Une idée ambitieuse», selon Ian Brossat, l'adjoint à la mairie de Paris chargé du logement, qui a souligné que «la place d'Airbnb [à Paris] et son impact sur le logement [étaient] un sujet central». L'élu a d'ailleurs rappelé que depuis la crise sanitaire, nombre de ces locations de meublés touristiques avaient basculé vers l'offre locative classique. «Il y a eu augmentation de plus de 200 % de meublés loués en longue durée ainsi qu'une légère baisse des prix à la location», s'est-il ainsi réjoui, prêt à tout mettre en œuvre pour que cette tendance «puisse se poursuivre et ne revienne pas à la précédente».
Un indispensable changement législatif
Pour ce faire, l'élu a néanmoins admis que «la plupart de ces évolutions ne pourraient avoir lieu sans le concours de l'Etat et de l'Union européenne», et qu'il était donc «primordial que la Ville de Paris poursuive son dialogue» avec eux. Une étude sur le sujet va donc être lancée incessamment sous peu afin de voir, selon Ian Brossat «à quoi un tel système pourrait ressembler à Paris, et dans quelle mesure il serait utile». Et ainsi envisager un changement législatif si, à l'issue de celle-ci, l'instauration de quotas s'avère toujours pertinente.
Du côté d'Airbnb, on assure que «la mise en place de ces quotas pour les locations saisonnières serait illégale», arguant que «les municipalités n'ont pas les compétences légales pour mettre en place ce type de mesures, discriminatoires pour les locations saisonnières».
«La grande majorité des hôtes sur Airbnb sont des habitants qui louent occasionnellement leur propre logement», souligne par ailleurs le site, selon lequel 95 % des logements entiers proposés sur la plate-forme ont été loués moins de 120 jours l'an passé. Soit moins que le plafond autorisé pour les résidences principales.