Difficile de faire des pronostics. Alors que le maintien des élections régionales en juin semblait acté il y a encore quelques semaines, l'hypothèse d'un nouveau report en raison de la crise sanitaire plane de nouveau sur le scrutin. Tout devrait se décider cette semaine.
C'est en effet ce lundi midi que s'achève la consultation des quelque 36.000 maires de France sur le sujet. Vendredi soir, un e-mail leur a été envoyé par les préfets, leur demandant d'«indiquer par oui ou par non si les conditions préconisées par le conseil scientifique [leur] semblaient réunies» pour tenir les élections régionales et départementales les 13 et 20 juin prochains («solliciter des personnes vaccinées», «c'est-à-dire des personnes plus âgées», pour tenir les bureaux de vote, «nettoyage strict» des écoles mobilisées, possibilité de voter «en extérieur»...).
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est ensuite chargé ce lundi de transmettre une note de synthèse, portant sur les réponses des édiles, au gouvernement. Un timing serré, car les avis des maires doivent alimenter les débats parlementaires sur cette question, prévus demain à l'Assemblée nationale et mercredi au Sénat. A cette occasion, le Premier ministre Jean Castex doit communiquer la décision finale de l'exécutif sur le sort des deux scrutins.
Il y a quelques jours encore, le maintien en juin des élections régionales - initialement prévues en mars - faisait peu de doutes, malgré une circulation du coronavirus toujours importante. Après le rapport du conseil scientifique fin mars renvoyant la responsabilité d'un éventuel nouveau report du scrutin au gouvernement, un document transmis par Jean Castex au Parlement indiquait que le scénario du maintien était privilégié «à ce stade» par l'exécutif. De son côté, l'Association des maires de France (AMF) s'était aussi prononcée en faveur de cette option.
L'opposition crie à la manoeuvre politique
Mais la décision surprise du gouvernement vendredi de demander leur opinion aux maires, individuellement, a semble-t-il rebattu les cartes. En effet, la députée LREM des Yvelines Aurore Bergé a déclaré samedi sur Franceinfo souhaiter que l'exécutif suive l'avis des élus locaux. De quoi provoquer la colère de l'opposition, à droite comme à gauche, qui voit dans cette consultation des maires une manoeuvre politique et un prétexte pour reporter des scrutins qui s'annoncent délicats pour la majorité.
«Il n’y a pas de volonté particulière du gouvernement de reporter les élections mais il faut que chacun comprenne que leur tenue est exigeante et que la campagne comme les opérations électorales seront très fortement impactées par les règles sanitaires», a répliqué Gérald Darmanin, cité par Le Parisien. Si l'exécutif est si embarrassé par cette question et multiplie les concertations - il a aussi demandé leur avis aux partis, groupes politiques et présidents des assemblées -, c'est surtout qu'il ne veut pas revivre le scénario des élections municipales de mars 2020. Le choix de maintenir le premier tour en pleine crise sanitaire a valu l'ouverture d’une enquête de la cour de justice de la République.