«Un projet démesuré, un calvaire pour les animaux, une aberration économique», résume L214. L'association a épinglé ce 7 avril un élevage de poulets intensif ayant transmis une demande d'extension au préfet.
Cette exploitation située à Pihem (Pas-de-Calais) souhaite multiplier sa taille par 5. Si le projet est accepté par le préfet, l'élevage passera de 150.000 à 800.000 poulets «produits» chaque année.
Un chiffre colossal, que L214 dénonce fermement. D'abord pour le bien-être des animaux. Les poulets de Pihem sont «entassés à 21 par m² sans jamais sortir», décrit l'association. «Leur alimentation est composée de maïs et de soja OGM, et complétée par des antibiotiques.» Deux facteurs qui permettent de les faire grossir vite, mais qui dégradent considérablement leur santé. Les poulets ne sont parfois plus capables de supporter leur propre poids et «ne peuvent même plus atteindre les mangeoires et les abreuvoirs». Sans compter la litière sale, «qui leur brûle la peau et les pattes, et entraîne des problèmes respiratoires.»
Mais ce projet d'extension ne nuit pas qu'aux poulets. Selon L214, même l'exploitant y est perdant. Pour s'agrandir, il devra emprunter 1,4 million d'euros sur 12 ans, alors que sa trésorerie est déjà faible. «Il risque la banqueroute à tout moment», affirme l'association.
Une pétition contre le projet
L214 souligne également qu'une extension de l'exploitation aurait un grave impact sur l'environnement. L'élevage est en effet une activité très polluante : elle est responsable de 18% des émissions de gaz à effet de serre humaines, selon une étude de l'Institute for Climate Economics publiée en 2019. L'élevage agrandi de Pihem représenterait près de 900 tonnes de CO² supplémentaires chaque année.
Dernière raison de refuser le projet ? Les nuisances infligées aux riverains, d'après L214. Ils peuvent être gênés «par le bruit sur le site de l'élevage, les vibrations dues aux transports, les odeurs émises, la lumière émise, ainsi que par le risque sanitaire et par les conséquences d'une explosion ou d'un incendie», détaille l'association. Le conseil municipal de Pihem s'est d'ailleurs positionné contre l'extension.
Mais c'est au préfet du Pas-de-Calais de prendre la décision finale. «Pour les animaux, pour l'environnement, pour la santé publique», L214 invite tous les citoyens à signer une pétition disponible ici. Elle demande au préfet Louis Le Franc de refuser le projet.
L'élevage de Pihem n'est pas un cas isolé. En France, l'élevage intensif concerne 8 animaux sur 10. Et ce alors que 88% des Français se déclarent contre ce type d'exploitations, selon un sondage YouGov de 2019. 83% des poulets sont ainsi élevés comme à Pihem, dans un bâtiment clos, et sans accès à l'extérieur.