Après l'interpellation en décembre de près d'une quinzaine d'individus suspectés d'avoir volé pour près de 3 millions d'euros de grands vins dans des entrepôts bordelais, les enquêteurs viennent de démanteler le deuxième étage du trafic, les receleurs présumés.
Château Yquem, Romanée-Conti, Petrus, Rothschild... Les grands crus volés par palettes entières dans des entrepôts de la métropole bordelaise entre janvier 2020 et l'automne suivant atterrissaient, via un réseau de receleurs, dans des restaurants asiatiques, chez des particuliers et des commerces d'Ile-de-France, ou alors partaient à l'exportation, c'est la conviction acquise par les services de police et de gendarmerie co-saisis de ces investigations.
Lors d'une première vague d'arrestations début décembre 2020, ce sont des individus suspectés d'avoir effectué ces vols par effraction pour une valeur de près de 3 millions d'euros qui avaient été interpellés. Le 16 mars dernier, c'est au deuxième étage de la fusée que se sont attaqués une centaine de gendarmes du groupement de la Gironde, de la Section de recherche de Bordeaux et de l'office central de lutte contre la délinquance itinérante.
Six individus nés en Chine, certains naturalisés Français, âgés de 31 à 48 ans, ont été arrêtés en région parisienne, soupçonnés d'avoir été les receleurs de ce trafic en achetant le vin aux voleurs et en le revendant à des commerces, des particuliers ou à l'étranger. Un des suspects principaux du recel avait investi dans une propriété viticole, un domaine auquel les enquêteurs s'intéressent particulièrement pour vérifier s'il y a pu y avoir blanchiment.
«C'est le résultat de plusieurs mois de travail», confie à CNEWS une source proche du dossier. «Un groupe de travail dédié avait même été créé dès le printemps 2020 pour ce dossier, avec six effectifs à plein temps pour aboutir face aux préjudices importants et à ces équipes de malfaiteurs très actives. Cela a permis de remonter assez loin dans cette filière qui allait jusqu'à l'exportation.»
Plus d'un millier de grands crus saisis
Dans la foulée des arrestations du 16 mars, quinze perquisitions ont été menées dans plusieurs arrondissements parisiens, mais aussi en Seine-Saint-Denis notamment et dans le domaine viticole d'un des suspects. Elles ont permis de saisir plus d'un millier de bouteilles de grands crus d'une valeur de 200 000 euros, ainsi que 118 000 euros en espèces. Les six individus n'avaient pas d'antécédents judiciaires pour des faits similaires mais certains étaient connus de la police pour des faits d'immigration irrégulière ou de travail illégal. Présentés au juge d'instruction, ils ont été mis en examen vendredi.