Après de longues journées d'attente, où les rumeurs de toutes sortes ont circulé, Jean Castex a annoncé ce jeudi soir de nouvelles mesures pour faire face à l'épidémie de coronavirus.
En ouvrant son discours, le Premier ministre a déclaré que l'évolution du virus «confirme [les] craintes» du gouvernement. La progression épidémie s’accélère nettement, avec 30.000 cas hier, 35.000 aujourd'hui, et une hausse de 23,6 % des cas en une semaine. «Cela s’apparente de plus en plus nettement à une troisième vague», a estimé Jean Castex, notamment à cause du variant britannique, qui représente trois quarts des contaminations.
Hier, 4.269 malades se trouvaient dans les services de réanimation, qui accueillent 330 nouveaux malades chaque jour, soit une personne toutes les 4 minutes. Des arrivées qui concernent des personnes plus jeunes et en meilleure santé, renforçant la préoccupation du gouvernement.
Inquiétude pour l'Ile-de-France et les Hauts-de-France
En Ile-de-France, le taux d'incidence dépasse désormais les 400 (446, soit une hausse de 23 % en une semaine). La pression hospitalière est très forte, avec près de 1.200 personnes en réanimation, soit plus que le niveau du pic de la deuxième vague en novembre.
Dans les Hauts-de-France, le taux d’incidence est de 381 et le seuil de 400 devrait être atteint rapidement. Le pic de la deuxième vague atteint et même dépassé.
Des mesures renforcées dans 16 départements
Face à accélération du virus et la pression qui s’accentue sur les hôpitaux, 16 départements vont connaître de «nouvelles mesures de freinage massives» à compter de samedi minuit, pour 4 semaines. Il s’agit des 8 départements d’Ile-de-France (Paris, Hauts-de-Seine, Val de Marne, Val-d'Oise, Seine-Saint-Denis, Yvelines, Essonne, Seine-et-Marne), des 5 départements des Hauts-de-France (Aisne, Nord, Oise, Pas-de-Calais, Somme), et des Alpes-Maritimes, de la Seine-Maritime et de l’Eure.
D'autres territoires pourraient être concernés à l'avenir selon l'évolution de l'épidémie.
Les écoles restent ouvertes
Dans ces départements, les écoles resteront ouvertes, afin de «préserver l'éducation de nos enfants». Pour les lycées, ils basculeront en totalité en demi-jauge, tandis que les universités continueront à fonctionner dans rythme en vigueur.
Un assouplissement des conditions d'activité physique des mineurs sera mis en place. Le sport pourra reprendre normalement sur temps scolaire, et les activités physiques extrascolaires extérieures sont maintenues.
Les commerces de première nécessité ouverts
Concernant les commerces, seuls ceux vendant des biens de première nécessité seront autorisés à rouvrir. Une autorisation étendue aux livres et à la musique, librairies et disquaires pourront donc rouvrir.
Les déplacements encadrés
Les déplacements hors domicile seront encadrés, mais selon des règles plus souples. Etant donné que l'on «se contamine infiniment moins en plein air qu’à l’intérieur», il sera possible de sortir de chez soi en journée sans limitation de durée, avec attestation et dans rayon de 10 km autour de chez soi. Déplacements inter-régionaux seront en revanche interdits, sauf motifs impérieux ou professionnel.
Cet assouplissement des déplacements extérieurs doit s'accompagner d'une plus grande vigilance à l'intérieur, où «le virus prospère». Il est donc demandé de ne pas d’aller chez des amis, et de ne pas transformer les sorties en barbecues ou regroupements dans les parcs et jardins. Des consignes strictes seront d'ailleurs passées aux préfets pour interdire certaines places publiques en fonction des risques sanitaires.
Le couvre-feu décalé
Malgré ces nouvelles règles, le couvre-feu sera maintenu. En revanche, l'heure de début passe de 18h à 19h, par rapport à l'arrivée de l'heure d’été, à partir de samedi. Un changement qui concernera tous les départements français.
Le télétravail encore renforcé
Selon le Premier ministre, les contaminations sur lieux de travail représentent 29 % des cas identifiés. Toutes les entreprises et administrations doivent donc passer au maximum en télétravail, en maintenant un seul jour par semaine sur site.
Les salariés avec symptômes sont en outre priés de ne pas se rendre au travail, la moitié des contaminations en milieu professionnel se faisant par personnes venues travailler alors que symptomatiques.
Enfin, pour éviter les contaminations lors de la pause déjeuner, Jean Castex a demandé d’établir à partie de la semaine prochaine «un protocole renforcé pour la restauration en entreprise».
La vaccination accélérée
L'enjeu des prochaines semaines pour le gouvernement : «réduire les mesures de restrictions et retrouver une vie normale à mesure que nous vaccinons». Près de 5,7 millions de personnes ont d'ores et déjà reçu une première injection, dont près de 45 % des plus de 75 ans. Un rythme qui va s'accélérer, le Premier ministre invitant le plus de Français à s'inscrire.
Pour cela, la France va pouvoir à nouveau compter sur le vaccin AstraZeneca. Comme de nombreux autres pays européens, avait en effet suspendu la vaccination avec AstraZeneca lundi face aux inquiétudes nées de plusieurs cas de thromboses parmi les patients. Une décision temporaire en attendant un rapport du régulateur européen. Un rapport rendu ce jeudi, dans lequel l'EMA a estimé que le produit du laboratoire suédo-britannique était «sûr et efficace» et en aucun cas lié à un risque plus élevé de caillots sanguins. Demain matin, la Haute autorité de santé «actualisera sa recommandation s'agissant du vaccin AstraZeneca, afin que nous puissions reprendre immédiatement dans la foulée, dès demain après-midi, la campagne de vaccination», a déclaré Jean Castex.
«Nous voulons avoir vacciné à la mi-avril au moins 10 millions de personnes, soit quasiment l'ensemble des personnes fragiles. Et 20 millions d’ici à mi-mai, soit la totalité de la population volontaire de plus de 50 ans, puis 30 millions d'ici à mi-juin, c'est-à-dire 80 % de la population volontaire de plus de 18 ans. Mi-avril, la vaccination sera d'ailleurs ouverte aux plus de 65 ans sans comorbidités, et mi-mai, aux plus de 50 ans.