C’est à n’y plus rien comprendre. Visée par de violents messages d’insultes pour avoir partagé un dessin de pain au chocolat qu’elle avait fait lorsqu’elle était enfant, Mila a vu Twitter suspendre son compte de dimanche soir à lundi matin, considérant ses messages de réponse comme du «harcèlement».
«Hello, Mila, votre compte @magicalorrs a été suspendu pour violation des règles de Twitter. Spécialement pour violation des règles contre le harcèlement. Vous ne pouvez pas cibler une personne et la harceler, ou inciter une autre personne à le faire. Sachez que si vous tentez de contourner cette mesure en créant un nouveau compte, nous le suspendrons immédiatement». C’est par ce message que Twitter a annoncé la nouvelle à l’adolescente, dimanche 14 mars, suite à une nouvelle campagne de haine dont elle a pourtant été victime.
Après avoir diffusé de vieux dessins sur le réseau social, de nombreux commentaires et des messages privés lui sont parvenus, l’insultant notamment de «sale pu*e» ou d’«islamophobe de merde», raconte-t-elle au Point. Elle reconnait avoir répondu à un internaute qu’il était un «puceau frustré» et «à deux types qui promettaient de me violer (…) que c’est moi qui violais leur Dieu, ce que je fais parfois pour énerver mes haters (ceux qui s’en prennent à elle, ndlr)».
#Mila @magicalorrs poste un dessin d’enfant, se fait immédiatement conspuer et harceler.Twitter, n’écoutant que son courage qui ne lui disait rien, bloque le compte de la victime sous les applaudissements fanatiques des sycophantes haineux. @TwitterFrance vous devriez avoir honte pic.twitter.com/R0d1RpjA2T
— Licra (@_LICRA_) March 15, 2021
Des internautes se félicitent
Ses réponses ont donc été signalées à l’entreprise au petit oiseau bleu, qui a suspendu le compte. Il semblerait d’ailleurs que cette finalité ait été un objectif pour certains, puisqu’un internaute a indiqué sur le réseau social que «le FC Sinje a réussie à faire suspendre le compte de Mila le résidue de capote ! Une p*te en moin sur le réseau (sic)». Un autre utilisateur s’en est également félicité, se présentant comme celui qui a «fait sauter» le compte de Mila, en indiquant avoir reçu le mail : «Bonjour, merci pour votre signalement. Nous avons suspendu le compte, car il enfreignait les règles de Twitter. Nous apprécions votre aide ; les signalements comme le vôtre sont essentiels pour améliorer Twitter. Merci».
L’avocat de la jeune femme de 17 ans a réagi, estimant que «la règle sur Twitter, c’est que les victimes soient sanctionnées et les harceleurs récompensés ; ça fonctionne comme ça Twitter, je dis bravo». Marlène Schiappa a également commenté la sanction, interpellant le réseau social et estimant «urgent de faire la transparence sur vos méthodes de modération et sur le nombre de personnes que vous y affectez. Laisser faire les raids numériques (…) de cyberharcèlement est une faute en droit et conscience».
Bonjour @TwitterFrance il devient urgent de faire la transparence sur vos méthodes de modération et sur le nombre de personnes que vous y affectez.
Laisser faire les raids numériques (interdits depuis la loi de 2018) de cyber harcèlement est une faute en droit & en conscience. https://t.co/o7r3xJOzV7— MarleneSchiappa (@MarleneSchiappa) March 15, 2021
Une mobilisation qui a peut-être incité Twitter à réagir rapidement, puisque le compte de la jeune femme a été réactivé lundi dans la matinée.
Coucou, je suis de retour !
Mes haters en ce moment : pic.twitter.com/mmEaJHVKJ7— Mila (@magicalorrs) March 15, 2021