Pour désengorger les services de réanimation dans le rouge, le gouvernement a annoncé ce dimanche 14 mars préparer des opérations d'évacuations «massives» de patients depuis l'Ile-de-France dans les prochains jours.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a sonné l'alerte jeudi 11 mars au soir en conférence de presse, en soulignant que les hôpitaux franciliens approchaient dangereusement «du pic de la deuxième vague».
Le 12 novembre dernier, les établissements avaient «poussé les murs» pour accueillir jusqu'à 1.138 malades en soins critiques. Ce dimanche 14 mars, l'Ile-de-France dénombrait 1.131 patients en réa, a indiqué sur Twitter Aurélien Rousseau, le directeur général de l'Agence régionale de santé d'Ile-de-France :
Gratitude immense pour cette solidarité en acte. 1131 patients en soins critiques en Île de France à l’heure actuelle. Votre appui est décisif. https://t.co/MIqIu6frqG
— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) March 14, 2021
Alors pour éviter le risque de la saturation des réanimations, le gouvernement a décidé d'activer deux leviers. Les évacuations de patients vers d'autres régions de France un peu moins touchées vont fortement accélérer.
Après trois premières personnes transférées samedi et autant dimanche, six malades devraient être déplacés chaque jour dans des avions ou des hélicoptères à partir de ce lundi, a fait savoir le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
Surtout, les autorités ont commencé à plancher sur des évacuations par TGV médicalisés, les tristements célèbres «opérations Chardon». De quoi transférer une centaine de patients au total vers des hôpitaux du reste de la France «en fin de semaine».
Toutefois, cette opération est un énorme défi logistique et sanitaire, à réaliser dans un temps restreint. «Il n'est pas complètement évident qu'on arrive à cet objectif», a tempéré le chef des urgences de l'hôpital Avicenne de Bobigny (93), Frédéric Adnet, ce dimanche.
Autre levier, celui des déprogrammations d'opérations non-urgentes. L'Agence régionale de santé d'Ile-de-France a déjà demandé la semaine dernière aux établissements de la région de remettre à plus tard 40 % des actes chirurgicaux prévus. En bref, le gouvernement fait tout pour vider et donner de l'air aux services de réanimations.
«Ça ne suffira pas. Il faut ralentir la circulation du virus», a de son côté estimé le Pr Rémi Salomon, président de la commission médicale de l'AP-HP (hôpitaux de Paris), sur RTL, qui a mis en avant le risque de «situation de débordement».
Et pour cause, le nombre de nouveaux patients admis en soins critiques a très nettement augmenté depuis la fin du mois de février. Cette accélération semble toutefois ralentir depuis quelques jours, selon le site Météo-Covid, ce qui serait une bonne nouvelle si cette tendance se confirmait sur la durée.
En revanche, après avoir légèrement ralenti, la hausse des nouveaux cas paraît repartir de plus belle dans la région. Il n'y a plus aucun département sous le seuil d'alerte de 250 nouveaux cas hebdomadaires pour 100.000 habitants, tandis que le taux d'incidence continue de flamber en Seine-Saint-Denis, approchant les 500 nouveaux cas.
Cette circulation très dynamique du virus est d'autant plus inquiétante que le variant britannique, qui représenterait désormais les deux-tiers des nouveaux cas détectés en Ile-de-France, est considéré comme plus virulent. C'est-à-dire qu'il entraînerait des cas de maladie plus graves, donc plus susceptibles de conduire en réanimation.
Si rien n'est jamais certain avec le coronavirus, il est néanmoins difficile d'imaginer comment la région parisienne pourrait tenir le coup sans restrictions supplémentaires pour ralentir la diffusion du virus.