La jeune Alisha, 14 ans, est morte noyée, ce lundi 8 mars à Argenteuil (Val-d'Oise), après avoir été jetée dans la Seine. Deux adolescents de son lycée, suspectés d'avoir prémédité le meurtre, ont été interpellés, sur fond de querelle amoureuse et de cyberharcèlement. Ils ont été mis en examen pour assassinat, et écroués ce jeudi. Ils encourent jusqu'à vingt ans de prison.
La mère de l'accusé alerte la police
Les faits se sont déroulés en plein après-midi, sur un chemin de terre situé près du viaduc de l'auroroute A15, entre la Seine et les habitations. Une mère de famille a en effet appelé la police pour les alerter que son fils et sa petite amie «venaient de frapper une jeune fille et que celle-ci [était] tombée dans la Seine», a expliqué le parquet de Pontoise. La femme a également expliqué s'être rendue sur place et avoir trouvé «un gant avec une mèche de cheveux».
Grâce à ces informations, le corps de l'adolescente a pu être retrouvé par la police fluviale, au niveau du quai Saint-Denis. Avant même les résultats de l'autopsie, le parquet a fait savoir qu'il portait des «traces de coups à la tête et au visage». Sur les lieux du drame, mardi matin, des traces de sang témoignaient encore de la violence de l'agression. Le couple d'adolescents, âgés de 15 ans, a finalement été interpellé dans la nuit de lundi à mardi, chez un ami.
UN GUET-APENS, preuve d'une préméditation
Le procureur de la République a donné de plus amples informations ce mercredi, indiquant que le couple avait donné rendez-vous à sa victime. Les deux filles se sont d’abord retrouvées sur les quais de la Seine, à Argenteuil. Puis le jeune homme, qui était caché, s’est ensuite approché et a donné des coups au visage de la victime, ainsi qu’une balayette pour la faire tomber. Au sol, elle a encore reçu des coups de pieds.
Le jeune homme et la jeune fille l’ont alors agrippée pour la jeter dans la Seine depuis le haut du quai. Une première autopsie indique que la noyade est vraisemblablement la cause de la mort. Le corps présentait également de nombreuses ecchymoses.
Le rendez-vous fixé par le couple, ainsi que des messages qu'ils se seraient échangés auparavant, dont le procureur a indiqué qu'ils semblaient préparer ce «guet-apens», ont permis au parquet de retenir la préméditation de l'acte. Les deux adolescents sont donc poursuivis pour assassinat. Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison, avec l'excuse de minorité, car ils sont âgés de moins de 16 ans.
Une rivalité amoureuse...
Alisha et ses agresseurs présumés fréquentaient tous les trois le lycée professionnel Cognacq-Jay, un établissement privé du centre d'Argenteuil. Ils étaient dans la même section de troisième préparant aux formations professionnelles.
Selon le procureur, la victime et le jeune homme aurait eu une brève relation amoureuse. Les deux filles auraient cependant gardé de bons rapports, avant l'acte. Chose qui ne plaisait semble-t-il pas au jeune homme. Ce dernier reprochait également à sa victime d'avoir «mal parlé de son père», a indiqué le procureur.
...qui vire au harcèlement en ligne
Mais cette querelle amoureuse aurait vite viré au cyberharcèlement. Ce dernier aurait démarré bien avant les dernières vacances scolaires. Les deux jeunes interpellés ont en effet piraté le compte Snapchat de la victime, pour ensuite diffuser des photos d'elle en sous-vêtements sur un groupe commun à leur classe, avance le procureur.
Avant le drame, ce cyberharcèlement avait déjà eu des conséquences physiques puisque certains élèves rapportent que la victime et sa «rivale» s'étaient bagarrées dans les toilettes du lycée. Chose confirmée par le procureur.
Le lycée était au courant
Ce mercredi, le lycée Cognacq-Jay a fait savoir que la direction et l'équipe enseignante étaient au courant du piratage du téléphone et de la diffusion de photos «à caractère compromettant» par les deux adolescents. Une procédure disciplinaire avait été mise en place «pour répondre à la situation de tension entre ces trois élèves». Alisha et sa mère avaient d'ailleurs été reçues par la direction, «qui leur avait conseillé de porter plainte à la police sur le champ».
Les familles des deux harceleurs présumés avaient quant à elles «été convoquées puis informées des faits par courrier recommandé». Les deux élèves avaient étaient temporairement exclus de l’établissement et étaient «convoqués en conseil de discipline pour ce mardi 9 mars», soit au lendemain du drame...