Si elle a – pour l'instant – échappé au confinement, l'Ile-de-France est loin d'être tirée d'affaire. Les indicateurs continuent à se dégrader, au point que la région parisienne semble en passe de devenir le principal moteur épidémique du pays.
Alors que la situation francilienne est déjà globalement mauvaise, deux départements continuent d'afficher des voyants rouge vif. En hausse de 13 % sur sept jours, le taux d'incidence en Seine-Saint-Denis est de 427 nouveaux cas pour 100.000 habitants en moyenne sur une semaine, selon les dernières données de CovidTracker, au 3 mars.
Idem dans le Val-de-Marne, qui a enregistré une hausse des contaminations de 15 %, avec 396 malades détectés sur la semaine pour 100.000 habitants. Le reste de la région n'est guère mieux loti, car tous les départements se trouvent en «surveillance renforcée», au-dessus de la barre des 250 de taux d'incidence. A l'échelle nationale, la moyenne actuelle est à 218.
La Seine-Saint-Denis, 2e département le plus touché
Un seul département de l'Hexagone dépasse encore le taux d'incidence en Seine-Saint-Denis : celui des Alpes-Maritimes (501). Mais les alentours de Nice, confinés depuis deux week-ends, connaissent une tendance bien meilleure, avec une forte baisse de 21 % des nouveaux cas sur la semaine précédente.
Idem dans le Pas-de-Calais (401), département où Dunkerque a vu flamber l'épidémie, qui semble enclencher un déclin de la circulation du virus.
Résultat : le taux d'incidence régional en Ile-de-France, qui pointe à 342, est ainsi devenu supérieur à ceux en Provence-Alpes-Côte d'Azur (335) et dans les Hauts-de-France (331), selon CovidTracker.
DR Météo-Covid
Pour justifier le passage du département du Pas-de-Calais en couvre-feu le week-end, Jean Castex avait fait valoir jeudi que «l'incidence y dépasse le seuil des 400 pour 100.000, soit presque deux fois la moyenne nationale», ainsi que la saturation des services de réanimation, «au plus haut de tous les départements français».
Ce second point est sans doute la principale différence. Les soins critiques en région parisienne sont encore bien loin des 150 % d'occupation dans le Pas-de-Calais. Mais le rythme des entrées en réanimation semble accélérer, si bien que 80 % des lits de réanimation (925 sur 1.100 environ) sont désormais occupés en Ile-de-France.
L'alliance des variants et de la pollution ?
Si la hausse des contaminations n'est pas exponentielle, la marge de manoeuvre de Paris, déjà très fine, se réduit progressivement. Le variant anglais, réputé plus contagieux est désormais majoritaire dans la région.
D'autres scientifiques évoquent aussi le rôle des particules fines dans la diffusion du virus, alors que la région sort tout juste d'un nouveau pic de pollution. Le mois de mars est d'ailleurs très propice à ce genre d'épisodes atmosphériques.
Et malgré le coup d'accélérateur donné ce week-end par le gouvernement, il est très improbable que la vaccination joue un rôle assez rapidement pour renverser la tendance actuelle.
«Je ne dis pas que l'évolution des prochains jours, des prochaines semaines, ne nous contraindra pas à un nouveau confinement», a prévenu Jean Castex lors de sa conférence de presse jeudi 4 mars.
Le plateau extrêmement élevé, qui a peu baissé depuis la deuxième vague, nous mettait à la merci d'une reprise épidémique. A défaut d'un nouveau raz-de-marée, c'est la marée montante depuis plusieurs semaines qui menace cette fois d'engloutir l'Ile-de-France.