Dans un premier temps écarté pour les personnes les plus âgées, le vaccin AstraZeneca va être étendu jusqu'à 75 ans, a fait savoir le gouvernement lundi 1er mars. Un revirement qui s'explique par de nouvelles données scientifiques.
Troisième sérum arrivé en France, le 6 février dernier, l'AstraZeneca était jusqu'alors réservé aux personnes âgées de 50 à 65 ans, avec des facteurs de risques (diabète, hypertension, cancer, etc.), ainsi qu'à l'ensemble des professionnels de santé. Une décision de la Haute autorité de santé (HAS) causée par un manque d'informations et non pas d'efficacité.
Si, le 29 janvier, l'Agence européenne des médicaments a approuvé son utilisation pour tous les plus de 18 ans sans limite d'âge, plusieurs pays ont opté pour la prudence, en restreignant la diffusion de ce vaccin, tant que son efficacité n'était pas prouvée.
«Des données insuffisantes»
C'était notamment le cas de l'Allemagne, dont la commission de vaccination (Stiko) a jugé «les données disponibles actuellement insuffisantes pour évaluer l'efficacité du vaccin au-delà de 65 ans».
Il faut dire que les essais cliniques menés par AstraZeneca et l'université d'Oxford souffraient d'un angle mort. Parmi les 11.000 volontaires ayant pris part aux tests, au Royaume-Uni et au Brésil, seuls 12,2 % d'entre eux étaient âgés de plus de 55 ans, et à peine 4 % de 70 ans ou plus, d'après The Lancet.
Face aux critiques, AstraZeneca a défendu son produit, arguant que «les personnes âgées ont montré de fortes réponses immunitaires au vaccin, 100 % d'entre elles ayant généré des anticorps spécifiques après la deuxième dose». La firme anglo-suédoise a aussi immédiatement lancé des essais plus larges.
Les résultats sont tombés au cours du mois de février. Ainsi, dans une étude menée en Ecosse sur 400.000 personnes ayant reçu le vaccin AstraZeneca et 700.000 celui de Pfizer, le nombre de malades hospitalisées de plus de 80 ans a chuté de 81 %.
Plus largement, le risque d'hospitalisation était réduit de 94 % avec le sérum d'AstraZeneca, contre 85 % avec le Pfizer/BioNTech, selon cet article publiée la semaine dernière. Des précisions qui «doivent nous amener à réajuster notre stratégie vaccinale», avait réagi jeudi 25 février le professeur Alain Fischer, «Mr Vaccin» du gouvernement.
Ma réponse à l’un de mes confrères ayant fait le choix de ne pas proposer le vaccin AstraZeneca à ses patients. https://t.co/GQ0fjZ01gh pic.twitter.com/5SERsALOpF
— Alain Fischer (@PrAlainFischer) February 25, 2021
Idem Outre-Rhin, la commission de vaccination allemande réévaluant sa position sur la vaccination des plus de 65 ans avec le vaccin AZ : «cela est possible et nous allons le faire», a déclaré l'un de ses représentants vendredi 26 février.
C'est d'ailleurs celui qui est utilisé massivement en Grande-Bretagne, pour vacciner l'ensemble de la population, depuis le début du mois de janvier.
Olivier Véran a donc annoncé lundi 1er mars au soir la nouvelle position hexagonale : «toutes les personnes âgées de 50 à 75 ans, qui ont des comorbidités» pourront recevoir ce sérum, chez leur médecin traitant, à l'hôpital ou en pharmacie. Les personnes âgées de 75 ans, elles, continueront à bénéficier des doses de Pfizer ou de Moderna, injectées dans des centres de vaccination.
Le ministre a précédé la Haute autorité de Santé, qui devrait publier officiellement ses préconisations ce mardi 2 mars, avec l'ensemble des détails.
Néanmoins, le Covid nécessitant d'éclaircir sans cesse les zones d'ombre, des données supplémentaires seront sans doute nécessaires à propos de son efficacité contre le variant sud-africain et de ses effets secondaires parfois aigus (symptômes grippaux) pour vraiment accélérer la vaccination par AstraZeneca.