Après l'Espagne, certaines régions de France voient leur ciel recouvert d'un voile jaune depuis ce matin. Un phénomène causé par des poussières de sable venues du Sahara, qui pourraient avoir des effets sur la santé des personnes qui respirent cet air.
Quelle est la situation actuelle en France ?
Selon le Laboratoire central de surveillance de la qualité de l'air (LCSQA), c'est le département des Pyrénées-Atlantiques qui est le plus touché ce mardi 15 mars.
Le sud-est du département enregistre en effet un indice de qualité de l'air «mauvais» (de 4 sur une échelle de 6), à cause des particules fines, avec un dépassement du seuil d'alerte, quand l'indice est jugé «dégradé» sur une grande partie du reste du territoire.
Cela correspond à une concentration de ces polluants au-dessus de 50 microgrammes (µg) par m3. Pour avoir un ordre d'idée, à Paris, les niveaux moyens de particules fines sont de 21 µg/m3 dans le fond de l'air, et de 33 µg/m3 à proximité du périphérique.
Dans le reste de l'Hexagone, si la pollution n'est pas aussi importante, plusieurs départements devraient être recouverts de poussière orange, notamment dans l'ouest du pays.
#Info | Après l'#Espagne hier, la #France observe des remontées sableuses du #Sahara ce mardi et ces prochains jours. Ne soyez pas étonnés de voir un ciel ocre ou du sable sur les différentes surfaces. N'hésitez pas à nous envoyer vos photos ! pic.twitter.com/lydKpLc6BQ
— Météo-Contact (@MeteoContact) March 15, 2022
Quel impact sur le corps humain ?
Questionné à propos des effets de ces poussières sur la santé, Grégory Abbou, prévisioniste chez Airparif résume à Cnews : «c'est bien moins dangereux que de respirer un pot d'échappement».
Selon lui, ces particules «grossières» sont en majorité des PM10. «Plus grosses que les PM2,5, elles entrent beaucoup moins dans les voies respiratoires et se collent moins aux alvéoles pulmonaires que les particules provenant de la combustion de bois ou d'énergies fossiles».
De plus, «ces particules proviennent de minéraux et vont avoir moins tendance à dégrader nos muqueuses que celles transformées chimiquement, qui ont d'ailleurs été déclarées cancérigènes», selon l'ingénieur de l'organisme de contrôle de la qualité de l'air en Ile-de-France. Ces dernières sont surtout émises par le trafic automobile.
Bien que ce type de nuage venant du Sahara soit «tout à fait habituel», Laurence Rouïl, directrice de la stratégie à l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), se montre plus alarmante au téléphone sur l'effet sanitaire de ces poussières.
«Même si elles sont d'origine naturelles, à partir du moment où ces poussières participent à l'élévation du niveau de particules fines, alors elles sont problématiques car il y a une agression pour les personnes les plus fragiles», souligne la scientifique.
Une impression surréaliste ce matin à #Avoriaz avec ce ciel jaunâtre en lien avec les particules de sable du Sahara en suspension dans l'air. pic.twitter.com/bJEFW6jTZ1
— La Chaîne Météo (@lachainemeteo) March 15, 2022
Les risques ? «Comme pour la pollution atmosphérique classique, cela peut engendrer des problèmes respiratoires et cardio-vasculaires. C'est le cas en particulier chez les individus à risque, comme les asthmatiques, les personnes âgées et les plus jeunes», fait savoir Laurence Rouïl.
En outre, la directrice de la stratégie de l'Ineris pointe l'impasse dans laquelle se trouvent les pouvoirs publics : «quand il y a un épisode de poussières, c'est-à-dire de pollution naturelle, le problème est que nous n'avons pas beaucoup de levier d'action, si ce n'est éviter de s'exposer».
Le préfet des Pyrénées-Orientales a ainsi conseillé ce lundi de «réduire les activités physiques et sportives en plein air. Privilégier les sorties plus brèves et celles demandant le moins d'effort».
Les effets sur l'environnement
En se déposant sur le sol, cette couche de poussière jaune peut se révéler bonne pour les plantes. D'origines minérales, ces particules sont en effet riches en fer et en phosphore, rappelle National Geographic, et apporteraient ainsi des nutriments bénéfiques pour la flore.
Selon certaines études, ces nuages en provenance du Sahara, qui survolent régulièrement l'Atlantique, auraient même permis en partie l'épanouissement de la forêt Amazonienne, malgré une terre plutôt pauvre en nutriments.