Une rallonge d'un maximum de 18 millions d'euros va être débloquée pour sauver le Vélib', tandis que les coûts pour les collectivités et les abonnés vont augmenter. Une décision en ce sens a été entérinée ce jeudi 18 février, à l'issue de la très attendue renégociation du contrat qui lie Smovengo et la Ville de Paris, via le Syndicat Autolib' Vélib' Métropole (SAVM).
En janvier, alors que des rumeurs faisaient état d'une possible rallonge de 240 millions d'euros pour sauver le Vélib', Sylvain Raifaud, le président du Syndicat Autolib' Vélib' Métropole, avait tenté de rassurer tout le monde, assurant à l'époque qu'il n'était «absolument pas question de signer un avenant de cet ordre là». Il avait néanmoins concédé que «des discussions» étaient «en cours» avec le titulaire du marché Smovengo. «Il y a en effet des questions à résoudre sur la qualité de service [...] avec l'objectif que le service fonctionne au mieux», avait-il expliqué.
Après une négociation ardue, les deux parties ont fini par s'accorder sur une enveloppe de 12 millions d'euros minimum, soit 4 millions d'euros par an jusqu'en 2024. «Un dispositif temporaire sur trois ans, calculé selon la répartition des trajets constatés entre vélo mécanique et vélo électrique [...] et plafonné au maximum à 6 millions d'euros par an», explique le SAVM dans un communiqué publié ce jeudi 18 février.
Un «avenant mesuré»
De quoi garantir à Smovengo, qui a hérité du contrat Vélib' fin 2017, de garder la tête hors de l'eau, après avoir frôlé la catastrophe financière. De son côté, Sylvain Raifaud se félicite d'un «avenant mesuré financièrement» et «limité dans le temps [2024, ndlr]», qui doit permettre d'«améliorer significativement la qualité du service» et de «prendre en compte l’usage intensif des Vélib’ électriques».
Un «avenant mesuré» qui doit également permettre de contenter JC Decaux, l'opérateur historique du Vélib' parisien. Début janvier, le célèbre groupe français avait écrit au SAVM pour les avertir d'un possible recours en justice s'il venait à signer avec Smovengo un avenant supérieur au contrat initial proposé par JC Decaux, justement écarté parce que trop cher. Un avertissement pris très au sérieux par les principaux intéressés qui ont fait appel à des experts pour rester dans le clous juridiques.
Une surutilisation des Vélib' électriques
Pour autant, il ne s'agirait pas pour Smovengo et le SAVM de se comporter en fautifs, puisque ce nouvel avenant n'est selon eux qu'une mise à jour du contrat «afin d'accompagner la révolution des usages en faveur du vélo électrique», qui a littéralement «supplanté le vélo mécanique», et ce, «alors qu'il ne représente que 35 % des vélos disponibles».
De fait, le SAVM n'a pu que constater que «59 % des 118 millions de kilomètres parcourus en Vélib' en 2020 ont été effectués en vélo électrique». Une surutilisation «coûteuse» qui entraîne d'importants surcoûts liés à la maintenance, explique le président du SAVM, dont le rôle était ici d'éviter à tout prix que le service Vélib' ne se dégrade ou pire ne fasse faillite. En janvier déjà, il avait exclu «un scénario dans lequel Smovengo mettrait la clé sous la porte», qui aurait logiquement contraint la Ville de Paris «de relancer un appel d'offre».
Jusqu'ici, Smovengo avait «réussi à maintenir le cap, malgré la forte révolution des usages» a témoigné son président Stéphane Volant au Parisien, admettant néanmoins que le groupe n'aurait «pas pu poursuivre [...] si cela avait duré». Tout n'est pas gagné pour autant pour cette PME dont la qualité de service va maintenant être régulièrement évaluée par un panel de 30 usagers, et scrutée par l'ensemble des élus des 55 communes d'Ile-de-France sur lesquelles le service est désormais implanté.
Et ce n'est que justice si l'on considère que ce sont justement eux qui vont en partie financer ce coup de pouce. Il est en effet prévu que les communes bénéficiaires du service financent cet avenant à hauteur de 2,5 millions d'euros. Quant aux utilisateurs du Vélib', et plus particulièrement ceux qui circulent sur les Vélib' électriques, ils devront, eux, mettre la main au portefeuille, alors que les prix des abonnements (aujourd'hui compris entre 3,1 et 8,3 euros par mois) devraient augmenter «d'ici au mois de mars».