Face à la déferlante du variant anglais du Covid-19, les soignants de l'hôpital de Dunkerque tiennent grâce à des transferts vers d'autres hôpitaux, mais s'inquiètent d'une submersion si le «relâchement» continue.
La flambée de l'épidémie intervient à une période où les rues de la ville sont habituellement noires de monde pour célébrer le carnaval. Le maire a salué l'attitude «responsable» de ses administrés, notant que les carnavals clandestins étaient restés très rares.
Une déclaration à contrecourant de celle du docteur Patrick Goldstein, chef du Pôle urgence au CHU de Lille. «Aujourd’hui, nous le savons, nous sommes en période de carnaval, a-t-il confié à la Voix du Nord. Peut-être sont-ils (les Dunkerquois) en train de le faire autrement, peut-être y a-t-il un carnaval underground. Peut-être y a-t-il quelques chapelles qui, quand même, existent pendant la nuit».
Pour le professeur lillois, cette flambée de personnes positives au Covid-19 n’est pas plus de la responsabilité des établissements scolaires car «si c’était les écoles, ce serait partout». «Je ne dis pas qu’il y a un problème avec les écoles ou le variant anglais, mais il est maintenant partout le variant anglais. Encore une fois à Dunkerque il y a un carnaval», a insisté le Dr Patrick Goldstein.
Le personnel de santé exemplaire mais en difficulté
«On n'est clairement plus sur une vague, on est sur ce qu'on peut appeler une marée avec des coefficients au-delà de ce qu'on a pu connaître», a constaté le docteur Christophe Couturier, le responsable des urgences, dont le service a colonisé les urgences pédiatriques pour faire face à l'afflux de patients Covid. Malgré une mobilisation «exemplaire» du personnel, le médecin craint «que la digue lâche».
Sur la soixantaine de malades du Covid-19 hospitalisés dans cet hôpital, dont 10 en réanimation, plus de 60% sont porteurs du variant anglais, une proportion qui distingue les Dunkerquois du reste du territoire national. Les médecins redoutent que la proportion n'atteigne bientôt les 100%.
S'il ne donne pas de symptômes plus graves que le Covid «classique» et se soigne de la même façon, ce variant «se transmet hyper vite : vous rencontrez quelqu'un qui est porteur du virus et le lendemain, vous êtes contagieux et positif», alerte le médecin hygiéniste de l'hôpital Isabelle Durand-Joly.
Aguerris par presque un an de pandémie, les soignants de l'hôpital de Dunkerque savent mieux comment prendre en charge les patients mais doivent gérer une saturation permanente des lits disponibles, occupés par des patients un peu plus jeunes que lors des phases précédentes.