Si le gouvernement comptait sur le couvre-feu pour réduire les déplacements, c'est raté. La mobilité des Français apparaît stable depuis la mise en place de cette mesure mi-décembre, selon des données analysées par l'Inserm, en partenariat avec Orange.
Début février, elle était inférieure de 20 % à son niveau pré-pandémique, soit environ la même proportion que le 15 décembre 2020, date du début du couvre-feu national à 20h. Si le nombre de déplacements a chuté pendant les vacances de Noël, il est ensuite rapidement revenu à son niveau de mi-décembre, et le couvre-feu avancé à 18h au niveau national le 16 janvier n'y a rien changé.
Les travaux de l'Inserm, basés sur l'analyse des données issues du réseau mobile d’Orange et relayés par Le Monde, montrent même une hausse significative des déplacements sur la fin du deuxième confinement. «La dernière semaine de confinement et la première semaine de couvre-feu sont très similaires en termes de mobilité, signe que les Français respectaient déjà moins les restrictions de déplacement à la fin du confinement», souligne au quotidien l'épidémiologiste Eugenio Valdano, qui a participé à cette recherche.
Mais la stabilité de la mobilité depuis l'instauration du couvre-feu ne veut pas forcément dire que les Français sont peu soucieux des restrictions. «Il est possible que les Français aient réorganisé leur journée tout en respectant les mesures», précise au Monde Eugenio Valdano.
Malgré tout, ces données ainsi que celles du deuxième confinement - qui a globalement fait diminuer la mobilité de 35 %, contre 65 % pour le premier confinement - posent question sur l'efficacité d'un éventuel troisième confinement. «S'il y a un troisième confinement, il est difficile de prédire ce qui va se passer, mais on constate que le respect des mesures de restriction s’érode avec le temps», explique Eugenio Valdano.