«Justice pour Julie». Depuis plusieurs jours et un peu partout en France, des rassemblements ont lieu en soutien à la jeune femme qui accuse des pompiers de l’avoir violée entre 2008 et 2010, alors qu’elle était mineure. La justice doit se prononcer ce mercredi sur une requalification des faits concernant les agresseurs présumés.
Alors que les trois pompiers accusés étaient initialement mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur mineure de 15 ans en réunion (et donc passible des assises), les faits ont été requalifiés par un juge en «atteintes sexuelles, sans violence, contrainte, menace ni surprise sur mineure de 15 ans par plusieurs personnes», en 2019. Ce qui les a finalement renvoyés en correctionnelle.
C’est pour demander à la cour de cassation de revenir sur cette requalification et désigner à nouveau les faits comme des viols que des centaines de personnes se mobilisent, dont des collectifs et des militantes, dénonçant une justice «complice de la culture du viol».
Des accusations dès 2010
Entre 2008 et 2010, alors qu’elle était âgée de 13 à 15 ans, «Julie» (nom d’emprunt) suivait un lourd traitement médicamenteux pour des crises d’angoisse, qui nécessitait de très nombreuses interventions de pompiers. Plus de 130 ont été recensées durant la période.
En 2010, l’adolescente a accusé un des pompiers, avec qui elle avait eu une relation d’un an, de lui avoir imposé des rapports sexuels, dont une au domicile de ce dernier alors que deux collègues étaient présents (tous âgés d’une vingtaine d’années). Les trois hommes ont assuré durant toute l’instruction que Julie n’avait montré «aucune réticence», tandis qu’elle affirmait de son côté avoir exprimé de «façon réitérée son absence de consentement».
Au moment de requalifier les faits en 2019, la justice avait estimé que ce «défaut de consentement (était) insuffisamment caractérisé».
Des faits devenus un sujet de société
La famille de Julie estime par ailleurs que ce ne sont pas trois mais vingt pompiers qui l’ont violée. «Les 17 autres n’ont jamais été mis en examen», dénonce sa mère, qui a lancé une pétition en ligne. Selon Le Parisien, ceux-là ont toujours nié avoir su son âge et se défendent en affirmant que la jeune fille avait l'air complètement «normale». Ils la voyaient comme une «fille facile» dont on se passait le numéro. De son côté, la jeune fille se décrivait en 2018 comme un «légume» dans un entretien à nos confrères.
Très marquée et ayant tenté de se suicider, la jeune femme explique avoir été «détruite» par les faits. «Je n’avais pas la capacité de m’opposer (…) Mon esprit se déconnectait, j’attendais juste qu’ils terminent». Selon les soutiens de Julie, cette affaire symbolise le problème de la conception du consentement des jeunes filles à un rapport sexuel et une pregnance de la culture du viol.