Même si la majorité des femmes continuent de faire la guerre aux poils pubiens, elles semblent de plus en plus déterminées à laisser rasoirs, bandes de cire et autres crèmes dépilatoires de côté.
En effet, comme le révèle une étude Ifop pour Charles.co, plate-forme de santé intégrée dédiée à la santé sexuelle, le nombre de femmes ne s’épilant pas du tout le pubis a doublé en huit ans.
D’après cette enquête, menée auprès d’un échantillon de 2.027 personnes âgées de 18 ans et plus, du 18 au 21 décembre 2020 et du 19 au 20 janvier 2021, 28% des Françaises déclarent pratiquer le «No Shave» (absence de dépilation), contre 15% en 2013.
l'effet confinement
«Il y a une tendance de fond à la réappropriation de son corps au naturel, et une distanciation à l’égard des injonctions et des normes de beauté féminines», souligne François Kraus, directeur de l'expertise «Genre, sexualité et santé sexuelle» à l'Ifop.
Une tendance qui a sans surprise été accentuée par les deux confinements mis en place pour lutter contre la propagation du SARS-CoV-2 (+4 points par rapport à une mesure prise avant l’apparition du virus).
Ces périodes, explique-t-il, «ont créé des conditions propices pour expérimenter des nouvelles pratiques corporelles, comme le «no shave», mais aussi le «no make-up» (absence de maquillage, ndlr) et le «no bra» (pas de soutien-gorge, ndlr)».
Et pour cause, «il n’y avait plus le regard d’autrui. Or, c'est lui qui détermine fortement la gestion de son apparence corporelle.» Et ce qui est intéressant, note-t-il, c'est que «ces nouvelles habitudes perdurent.»
A noter que l'absence de dépilation est un peu plus répandue chez les femmes cadres (19%) que chez les ouvrières (14%), ainsi que chez les personnes ayant une sensibilité féministe (30%).
parallèlement l'épilation intégrale progresse
Mais en même temps, une autre tendance opposée se dessine, souligne l’expert, «une tendance hygiéniste, qui s’inscrit dans le culte d’un corps lisse et aseptisé».
En effet, parallèlement à l’évolution notable du nombre de Françaises qui ne s’épilent plus du tout les poils du maillot, l’épilation intégrale progresse de manière continue chez les femmes car «elles restent soumises à une pression à la dépilation».
L’injonction à l’épilation intégrale est deux fois plus pesante pour les femmes (32%) que pour les hommes (14%). Aujourd’hui, 24% des sondées optent ainsi pour un maillot intégral contre 14% en 2013, soit une augmentation de 10 points en huit ans.
«On a une dynamique de l'épilation intégrale, popularisée par les films X, qui persiste, et qui n’est plus seulement l’apanage des jeunes», précise François Kraus. Les moins de 25 ans ont particulièrement recours à l'épilation intégrale (56%), mais cette pratique s’est aussi diffusée aux femmes de 25-34 ans (48%, +22 points) et de 35-49 ans (31%, +20 points).
pas un frein au désir sexuel
Cependant, contrairement à certains clichés, le maintien d’une pilosité chez une femme n’est pas un frein au désir sexuel masculin. La grande majorité des hommes attirés par les femmes affirment pouvoir faire l’amour avec une femme non épilée au niveau pubien.
Dans le détail, 92% des hommes sont disposés à avoir un rapport sexuel avec une femme qui a l’habitude d’avoir des poils pubiens taillés et entretenus mais peu nombreux, 84% avec une femme qui a des poils pubiens taillés et entretenus mais assez dense, et 70% avec une femme ayant choisi de garder ses poils pubiens à l’état brut (non taillés, non entretenus).