Un choix assumé mais risqué. Les ministres avaient préparé l’opinion au pire. Or, à la surprise générale, l’exécutif a décidé, vendredi dernier, de ne pas imposer de troisième confinement aux Français.
Malgré les appels appuyés d’une partie des scientifiques, Emmanuel Macron préfère pour le moment jouer la montre, quitte à durcir encore un peu plus les contraintes du couvre-feu.
Conscient du coût économique, psychologique et social qu’impliquerait une remise sous cloche du pays, le président en appelle surtout à la responsabilité de chacun pour tenter de sortir de la crise sanitaire, sans certitude toutefois que cette stratégie suffise.
Le pari de la confiance
Pour justifier sa décision, le gouvernement a reconnu que les chiffres du coronavirus étaient hauts, mais qu’il n’y avait pas, à ce stade, de flambée épidémique comme en connaissent d’autres Etats européens. Le nombre de contaminations au Covid-19 est en effet toujours compris entre 20.000 et 25.000 cas quotidiens en moyenne.
Dimanche, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a même fait état d’une «légère décélération» des contaminations et d’une circulation des variants «moins intense» qu’à l’étranger. Si le gouvernement préfère pour le moment «observer», il surveille toutefois la situation de très près et un nouveau conseil de défense sanitaire doit avoir lieu ce mercredi, avant sans doute une nouvelle prise de parole qui sera là encore très suivie.
J’ai confiance en nous. Les heures que nous vivons sont cruciales. Faisons tout pour freiner l’épidémie ensemble.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 30, 2021
D’ici là, Emmanuel Macron fait donc un pari, celui de la confiance, en appelant, a-t-il écrit sur Twitter, les Français à la solidarité pour vaincre «ensemble» la pandémie.
Dans ce contexte, le couvre-feu généralisé à 18h reste la règle mais le gouvernement durcit le ton et Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, a déjà promis «30 % de contrôles en plus» pour le faire appliquer.
Quant aux restaurateurs qui seraient tentés de rouvrir malgré l’interdiction, ils pourraient ne plus bénéficier du fonds de solidarité, a de son côté prévenu Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie.
Enfin, au niveau sanitaire, un nouveau protocole renforcé s’applique depuis lundi dans les écoles, prévoyant la fermeture de toute classe de maternelle dès l’apparition d’un premier cas.
Des médecins inquiets
Malgré tout, pour certains médecins, les mesures «que l’on a prises aujourd’hui ne seront pas suffisantes», comme l’a rappelé, ce mardi, Rémi Salomon sur franceinfo.
Selon le président de la commission médicale d’établissement de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), ce n’est en effet plus qu’une question de temps avant que les variants plus contagieux du coronavirus ne «prennent le dessus» en France.
Au coeur des préoccupations, le variant anglais dont la circulation dans le pays s’intensifie d’environ 50 % chaque semaine, avait relevé, dimanche dernier, OlivierVéran en se basant sur les résultats préléminaires d’une deuxième enquête sur le sujet.
Une croissance jugée ici «exponentielle» par Rémi Salomon qui plaide par conséquent, à l’instar d’autres spécialistes, pour un reconfinement au moins territorialisé, et un rallongement de la durée des vacances scolaires.
Alors que celles-ci doivent démarrer dès ce vendredi soir pour la zone A, le gouvernement, par la voix d’Olivier Véran, a toujours répété qu’il se tenait prêt à prendre «toutes les décisions nécessaires».