Une annus horribilis sur le front du chômage. Malgré un nouveau reflux au quatrième trimestre, le nombre de demandeurs d'emploi sans aucune activité s'est envolé de 7,5 % en 2020, selon les chiffres de Pôle emploi publiés mercredi. Un bond inédit dont la crise du coronavirus en est la principale responsable.
Le premier confinement, au printemps, a en effet entraîné une flambée historique du chômage en France métropolitaine (+24,5 % au 2e trimestre, soit +815.500 chômeurs), après une petite hausse au 1er trimestre (+0,8 %). Les baisses successives observées au 3e trimestre (-11,5 %) puis au 4e trimestre (-2,7 %) n'ont pas pu effacer ce 2e trimestre catastrophe.
Au premier abord, la réduction du chômage observée sur le dernier trimestre de 2020 paraît plutôt inattendue, la moitié du trimestre s'était déroulé sous la règle du confinement (de fin octobre à mi-décembre). Mais il faut se rappeler que ce deuxième confinement était plus léger que le premier. Il a ainsi entraîné une dégradation de l'activité beaucoup plus faible, avec nettement moins de salariés en chômage partiel et un impact concentré sur les secteurs touchés par les restrictions (restauration, hébergement, arts et spectacles...), selon une étude de la Dares, le service statistique du ministère du Travail, publiée fin décembre.
Cette baisse du chômage au 4e trimestre, tout comme celle observée au 3e trimestre, ne doit toutefois pas être vue comme un motif d'espoir pour l'avenir. Elle est en trompe-l'oeil, car liée en grande partie au dispositif exceptionnel de chômage partiel pris en charge à 100 % par l'Etat : 3,1 millions de salariés ont été en chômage partiel en novembre et 2,4 millions en décembre, selon la Dares. De plus, lorsque le gouvernement commencera à lever ses mesures d'aides aux entreprises, les plans sociaux et faillites devraient exploser, laissant apparaître très peu de perspectives d'amélioration sur le marché du travail en 2021.
La France a donc fini l'année 2020 avec 3,57 millions de chômeurs en métropole, soit près de 270.000 personnes de plus que lors du 4e trimestre 2019, lors duquel le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) avait atteint son point le plus bas depuis fin 2013. En un an, la crise économique provoquée par la pandémie de coronavirus aura effacé tous les progrès constatés sur le marché du travail depuis 2017. L'objectif d'Emmanuel Macron de tomber à 7 % de chômeurs d'ici à la fin de son quinquennat paraît bien loin.