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Guadeloupe : la famille de Claude, mort après un contrôle des gendarmes, déstabilisée par la conférence de presse du procureur

Claude Jean-Pierre est mort à l âge de 67 ans. [Famille de Claude Jean-Pierre]

Comme une forte impression de «ne pas avoir vu la même vidéo». La famille de Claude Jean-Pierre, mort en décembre dernier à l’hôpital suite à un contrôle de gendarmes à Deshaies (Guadeloupe), est consternée par les déclarations du procureur de la République de Basse-Terre pour qui «aucun coup volontaire des gendarmes» n’a été observé sur la vidéo de l’interpellation.

Lors de sa prise de parole, lundi, le magistrat a également annoncé l’ouverture d’une information judiciaire «contre X du chef d’homicide involontaire». «La justice fait et fera ce qu’il faut pour apporter les réponses en totale transparence», a assuré Xavier Sicot.

Pourtant, la conférence de presse du procureur a «déstabilisé» la famille de Claude qui a également pu visionner l’interpellation, qui a duré «entre 6 et 7 minutes», selon Christophe Sinnan-Ragava, beau-fils de Claude Jean-Pierre et porte-parole de la famille. Mardi, le collectif d'avocats de la famille a d'ailleurs publié un communiqué sur le visionnage de la séquence.

Pour ce dernier, le constat suite au visionnage de la vidéo est sans appel : «s’il n’y avait pas eu cette extraction violente, il (Claude) ne serait pas allé au CHU». De plus, «des lésions ont été constatées» sur la victime lors de son hospitalisation.

D’autres éléments de la vidéo ont également perturbé l’entourage de Claude : «dans les premières versions, on nous a parlé d’un malaise, or (dans la vidéo), à aucun moment il n’a un malaise».

Claude Jean-Pierre est décédé le 3 décembre au CHU de Pointe-à-Pitre, deux semaines après ce contrôle des gendarmes à Deshaies, le 21 novembre.

Les deux gendarmes toujours pas auditionnés ?

Ce jour-là, deux gendarmes avaient contrôlé Claude Jean-Pierre pour «une conduite hésitante», selon une source de l’AFP. Une version réfutée par le gendre du défunt après visionnage de la vidéo de l'interpellation. Pour lui, son beau-père ne montrait «aucune forme de résistance» et les forces de l’ordre lui ont demandé de déplacer sa voiture une deuxième fois lors du contrôle. «S’il présentait une conduite dangereuse, je me demande pourquoi on lui aurait dit d’avancer sa voiture une seconde fois», a-t-il relevé auprès de CNEWS.

D’après la séquence, qu’il a pu visionner le 6 janvier dernier, «les gendarmes le font s’arrêter au niveau d’un arrêt de bus. Il discute avec eux et il n’y a aucune animosité. A ce moment on lui demande encore d’avancer le véhicule. S’il présente des incohérences, alcoolémie ou quelque chose comme ça, vous ne lui demandez pas d’avancer son véhicule si c’est un danger potentiel», relève-t-il. 

«Il avance son véhicule et les gendarmes reviennent vers lui pour continuer à discuter, détaille-t-il. A ce moment-là, la portière est ouverte et il a une jambe au sol. Il y a deuxième véhicule de gendarmes et l’un d’eux discute avec ses collègues puis retourne à son véhicule chercher son gilet pare-balle. C'est à ce moment qu’ils font l’extraction à deux.»

«Au moment de l’extraction, on voit vraiment qu’il y a des chocs violents, poursuit le porte-parole de la famille Jean-Pierre. A partir du moment où on le sort de la voiture, il est totalement inerte, les bras et la tête qui pendouillent. Il est alors posé au sol par les gendarmes.»

La famille du sexagénaire décédé cherche à comprendre pourquoi les forces de l'ordre ont eu recours à la force pour le sortir du véhicule. Auditionnée par le juge d'instruction le 5 janvier, Fatia Alcabelard, la fille du défunt, est «ressortie avec beaucoup d’attente du bureau du juge d’instruction», a-t-elle confiée à CNEWS. Elle regrette également que plus d'un mois après les faits «les deux gendarmes n’avaient toujours pas été auditionnés». «On ne sait toujours pas si ça a été fait depuis», regrette-t-elle.

Il reste beaucoup de zones d'ombre dans cette affaire. Pour tenter d'y voir plus clair, un magistrat instructeur a donc été désigné et «a sollicité dans le cadre d’une commission rogatoire les services de la Section de Recherche de Pointe-à-Pitre pour poursuivre ces investigations», a expliqué Xavier Sicot.

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