Alors que la pauvreté s'accroît à cause de la crise du coronavirus, la question du revenu universel revient sur la table. La mairie de Paris va lancer une réflexion pour instaurer un revenu minimum garanti, et ainsi concrétiser une promesse de campagne d'Anne Hidalgo.
Qui pourra bénéficier de cette aide et à combien s'élèvera-elle ? Les modalités ne sont pas encore définies, répond à CNews Léa Filoche, l'adjointe à la solidarité à la mairie de Paris, ce dimanche 17 janvier. Mais elle a bon espoir que le projet «aboutisse en 2022».
Plusieurs hypothèses sont pour l'instant à l'étude, et les Parisiens seront appelés à donner leur avis lors d'une conférence citoyenne. Celle-ci devrait avoir lieu théoriquement «au 2e semestre 2021», annonce l'élue de gauche, «si les conditions sanitaires le permettent».
Concrètement, le revenu minimum garanti pourrait concerner une catégorie de personnes précise ou alors une aire géographique délimitée, venir s'ajouter aux aides sociales déjà existantes ou les remplacer totalement. Toutes les cartes sont sur la table pour le moment.
Léa Filoche cite ainsi plusieurs cas de figure : les exemples de Londres (3.000 livres données à 13 sans-abri) et de Grande-Synthe (expérimentation du revenu de base depuis mai 2019), la réservation de cette aide «aux 18-25 ans» ou encore «à un quartier, par exemple au profit d'un ensemble de logement social», développe-t-elle.
Des expériences déjà lancées ailleurs en Europe
L'enveloppe dédiée à cette mesure n'est pas encore chiffrée à l'hôtel de ville. «Nous prendrons l'année pour observer ce qui a été mis en place ailleurs et réfléchir à ce qui est le plus pertinent de faire. C'est un sujet très intéressant pour beaucoup de gens, mais utopique pour beaucoup d'autres. Nous allons travailler à le rendre concret», explique Léa Filoche.
Sur proposition du groupe Génération.s, les élus parisiens avaient d'ailleurs voté en novembre 2019 le principe du lancement d'une réflexion en ce sens. Une promesse reprise par Anne Hidalgo dans son programme pour les élections municipales 2020, et confirmée au moment de son alliance avec les écologistes.
Alliée de la socialiste, Léa Filoche explique que l'idée de fond est «de changer la relation au travail, et de modifier le rapport de force entre le salarié et son employeur». Cette aide peut aussi permettre «d'alléger les angoisses liées à la perte d'un emploi ou à la recherche», argumente cette membre du mouvement Génération.s, lancé par Benoit Hamon. La proposition était l'un des axes majeurs du candidat PS pour la présidentielle en 2017.
Ces derniers mois, des expérimentations de revenu universel ont aussi été mises en place en Espagne et en Allemagne. Autre exemple, celui de la Finlande, qui a distribué un revenu de 560 euros par mois à 2.000 chômeurs en 2017 et 2018. Résultat : le bien-être mental et la situation financière des bénéficiaires se sont améliorés, et ils ont travaillé six jours de plus que les personnes touchant des allocations chômage.
«J'ai récupéré un peu de dignité»
En France, l'association «Mon revenu de base» a lancé un test depuis 2017, proposant 1.000 euros par mois à une personne tirée au sort. CNews a recueilli le témoignage de l'une des bénéficiaires, qui dit «avoir récupéré un peu de dignité», s'être acheté «un frigo et une voiture» et «s'être payée une formation».
Si cette idée est à l'origine portée par la gauche, Les Républicains réfléchiraient à la piste d'un revenu universel en vue de la présidentielle 2022, notamment sous l'impulsion d'Aurélien Pradié, député du Lot et n°2 du parti. Et elle pourrait donc aussi se retrouver dans le programme d'Anne Hidalgo si la maire de Paris décidait de se présenter.