Après le laborieux déploiement du nouveau Vélib' opéré par Smovengo depuis plus de trois ans, le syndicat Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) doit aujourd'hui faire face à la colère de l'ancien opérateur JC Decaux, apprend-t-on ce mercredi 13 janvier.
En cause ? De nouveaux avenants au contrat qui lie le syndicat Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) à Smovengo, dans lesquels il serait prévu – selon les rumeurs – une rallonge de 240 millions d'euros qui viendrait s'ajouter aux 600 millions déjà prévus initialement. Pour Smovengo, il s'agit uniquement de remettre à jour les clauses du contrat, alors que le service est maintenant pleinement opérationnel.
De fait, depuis plusieurs mois, le service de vélos partagés a bien remonté la pente, ses dirigeants se félicitant même d'avoir réalisé une belle année 2020, avec «plus de 40 millions de trajets réalisés en Vélib'». Face à ce succès et alors que plusieurs villes, à l'instar de Saint-Ouen (93), souhaitent le retour du Vélib' dans leur commune, Smovengo estime qu'il faut renégocier les termes du contrat qui court sur 15 ans.
2020 a été l'année des mobilités douces : près de 40 millions de courses ont été effectuées à Vélib' dans la métropole parisienne. #velotaf #Paris #mobilites pic.twitter.com/x53ycsaz8K
— Smovengo (@smovengo) January 7, 2021
La menace juridique de JC Decaux
Une nouvelle qui ne semble pas plaire à l'ancien opérateur JC Decaux. Le célèbre groupe français spécialisé dans la publicité urbaine – déjà lié à la mairie de Paris par divers contrats – a récemment écrit un courrier au syndicat gestionnaire du Vélib'. Dans sa lettre datée du 6 janvier, JC Decaux revient clairement sur les conditions de l'attribution du marché. Le service communication affirme toutefois que, contrairement à ce qui a été dit dans la presse, il «ne demande pas à casser le contrat de 2017» ni «à réaliser un nouvel appel d'offre».
Mais si une telle somme venait à s'ajouter au contrat, ce dernier serait alors plus important financièrement que celui proposé par JC Decaux lors de l'appel d'offre de 2017, qui avait justement été écarté parce que jugé trop cher. Et c'est bien cela que JC Decaux entend dénoncer, dans cette lettre qui «s'apparente à un rappel au droit» selon le président du syndicat, l'écologiste Sylvain Raifaud.
«Pas question de signer un avenant de cet ordre là»
L'élu parisien assure pourtant de son côté qu'il n'est «absolument pas question de signer un avenant de cet ordre là» [240 millions d'euros, ndlr], mais concède que «des discussions sont en cours» avec le titulaire du marché Smovengo. «Il y a en effet des questions à résoudre sur la qualité de service [...] avec l'objectif que le service fonctionne au mieux», explique-t-il.
«On travaille à l'amélioration significative du service et dans cette perspective, nous sommes soucieux de trouver un équilibre financier sans revenir sur les fondamentaux économiques du contrat initial» ajoute Sylvain Raifaud. Celui-ci exclut «un scénario dans lequel Smovengo mettrait la clé sous la porte contraignant le syndicat de relancer un appel d'offre». Il admet néanmoins que davantage de vélos est synonyme de «davantage de recettes et donc de redevances pour Smovengo».
Contacté à ce sujet, Smovengo s'est refusé à tout commentaire, assurant «ne pas être concerné» par les échanges privés entre JC Decaux et le syndicat Autolib' Vélib' Métropole. L'opérateur dit vouloir rester concentré sur sa bonne dynamique, se targuant d'avoir ouvert 1.392 stations à ce jour, dont plus d'un millier rien qu'à Paris, tout en continuant son déploiement à l'échelle métropolitaine.