Trois sérums sont désormais disponibles en France pour lutter contre la pandémie de Covid-19. Après les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna, celui du laboratoire AstraZeneca a été autorisé dans le pays ce mardi 2 février par la Haute autorité de santé (HAS).
Contrairement à ses concurrents, ce troisième vaccin conçu avec l’université d’Oxford ne repose pas sur la technique de l’ARN messager.
Vecteur viral et ARN
Il est basé sur une technologie dite «à vecteur viral». Plus précisément, il utilise comme support un adénovirus de chimpanzé, un virus inoffensif portant le gène de la protéine S (Spike) du SARS-CoV-2, adapté pour combattre le Covid-19.
Une fois le sérum injecté, les cellules vont alors fabriquer elles-mêmes la protéine S et stimuler la production d'anticorps spécifiques contre cet antigène.
De leur côté, les vaccins Pfizer/BioNTech et Moderna s’appuient sur la technologie innovante dite de l’ARN messager, des brins d'instructions génétiques.
Ces molécules sont chargées de transmettre des informations aux cellules de l'organisme vacciné pour qu’elles puissent reconnaître le virus et donc fabriquer des anticorps pour se défendre en cas d'infection par le SARS-CoV-2.
les classes d'âge
S’ils s’administrent tous les trois de la même manière, par voie intramusculaire, en deux injections espacées d'au moins 28 jours, ils ne s’adressent pas au même public.
Alors que le vaccin Pfizer peut être utilisé chez les personnes de 16 ans et plus, celui de Moderna ne peut pas être administré aux sujets de moins de 18 ans. Le vaccin AstraZeneca, quant à lui, n'est, pour l’heure, pas recommandé aux personnes de plus de 65 ans.
«Il manque des données pour les patients de plus de 65 ans, ces données vont arriver dans les semaines qui viennent ; dans l'intervalle, nous recommandons son utilisation chez les moins de 65 ans», a indiqué ce mardi 2 février la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec.
Côté efficacité, le vaccin britannique affiche un taux moins élevé que ses concurrents américains. Il est en effet efficace à 70% en moyenne - un taux similaire à celui du vaccin contre la grippe - contre 95 % pour Pfizer, 94,1 % pour Moderna.
les conditions de conservation
S’il ne peut pas être injecté aux personnes âgées, et que son taux d’efficacité est moindre, les conditions de conservation du vaccin AstraZeneca sont toutefois bien moins contraignantes que celles requises pour les vaccins à ARN.
Il peut être stocké à long terme dans des frigos classiques, soit entre 2 et 8 degrés, contrairement aux deux autres qui doivent l'être à très basse température.
Ces conditions de stockage rendent ainsi possible la vaccination directement en pharmacie, a annoncé ce lundi 1er février Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement.
Celui développé par l’entreprise Moderna doit être stocké à -20 degrés, et peut rester jusqu’à 30 jours dans un réfrigérateur standard une fois décongelé, tandis que le vaccin Pfizer doit être conservé à -70 degrés, et peut être conservé 5 jours maximum dans ces mêmes conditions.
L'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé global à l'Université de Genève (Suisse), souligne d’autre part que le protocole d'administration est simple pour le vaccin Moderna.
«Il n'y a aucune préparation spécifique. Les professionnels de santé ont juste à piquer la seringue dans le flacon, retirer l’aiguille, puis injecter la dose dans le bras du patient.» Le vaccin Comirnaty de Pfizer-BioNTec, quant à lui, «nécessite une dilution avant d'être administré», précise le spécialiste.
le prix
Enfin, le vaccin AstraZeneca a l’avantage d’être moins cher. La dose coûte 1,78 euro, contre environ 14,65 euros pour Moderna, soit 29,30 euros la vaccination, deux injections étant nécessaires, et 9,76 euros pour Pfizer, soit 19,52 euros la vaccination.