Dix mois après le début de la crise du coronavirus en France, le lancement récent de la campagne de vaccination suscite l'espoir d'une sortie de crise prochaine. Mais le retour à une vie normale n'est pas attendu avant plusieurs mois, préviennent les experts et le gouvernement.
Lors d'une conférence de presse le 7 janvier dernier, Jean Castex a dit espérer «sortir de la crise à l'échéance de l'été prochain». Le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, se veut lui un peu plus prudent. «Nous ne retrouverons une vie presque normale qu’à l’été, voire à l’automne», a déclaré l'immunologue dans une longue interview à L'Express fin décembre.
Cette horizon de l'été ou de l'automne prochain est partagé par de nombreux spécialistes. «D'ici cet été, l'épidémie sera jugulée», a déclaré début décembre, toujours à L'Express, Karine Lacombe, cheffe du service des maladies infectieuse à l'hôpital Saint-Antoine à Paris. De nouveau interrogée dans les médias peu de temps après, l'infectiologue a dit espérer que «d'ici le mois de septembre, on pourra, si ce n'est enlever les masques, en tout cas reprendre une vie beaucoup, beaucoup plus normale».
Membre du Conseil scientifique, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet pariait fin novembre sur un retour à une vie normale à l'automne 2021, mais à condition que «80 % à 90 %» de la population française se fasse vacciner. Du côté du ministre de la Santé Olivier Véran, on ne se mouille pas, assurant seulement que les fêtes, les embrassades et les serrages de mains, sans masque, seront de retour dans le courant de l'année 2021.
Bronzette sur la plage cet été ?
Les vaccins sont donc, on l'a compris, la clé de voûte de la sortie de cette pandémie mondiale. Ugur Sahin, directeur général de la société allemande BioNTech, qui a développé avec Pfizer le premier vaccin anti-Covid autorisé en Europe et aux Etats-Unis, a dit espérer mi-novembre sur la BBC «avoir un hiver normal l'année prochaine». Pour cela, il est selon lui «absolument essentiel» d’avoir un haut taux de vaccination avant l’automne/hiver 2021. Selon les données compilées par le site Our World in Data, 24 millions de personnes ont d'ores et déjà été vaccinées dans le monde, ce qui correspond à 0,31 doses pour 100 personnes.
La biochimiste hongroise, Katalin Kariko, pionnière des travaux sur l'ARN messager, technique à la base des vaccins de Pfizer/BioNTech et Moderna, est plus optimiste. «En été, on pourra probablement reprendre le chemin de la plage et une vie normale», a-t-elle déclaré au journal espagnol El Pais. «Ces vaccins vont nous sortir de cette pandémie», présage-t-elle.