Quelles sont les caractéristiques des ex-fumeurs ? Comment ont-ils réussi à arrêter de fumer ? Dans une vaste étude rendue publique ce mardi 5 janvier, Santé publique France s'est attachée à dresser le profil des anciens fumeurs français.
Menée en partenariat avec l'institut Ipsos en juillet 2017 auprès de 25.319 personnes représentatives de la population française, l'enquête s'est intéressée aux fumeurs ayant fait une tentative d'arrêt du tabac d'au moins sept jours dans les deux dernières années précédant l'entretien.
Si cette étude est divulguée seulement aujourd'hui, cela s'explique surtout par la masse considérable de données qui ont été compilées et analysées.
Et si elle ne tient pas compte des augmentations successives du prix du tabac, lesquelles ont depuis porté le prix du paquet de cigarettes à dix euros, elle reste, de fait, riche de plusieurs enseignements.
La majorité n'a utilisé aucune aide pour arrêter
Premier constat, cette enquête montre que parmi les fumeurs interrogés en 2017 et ayant fait leur dernière tentative entre janvier 2015 et septembre 2016 (soit avant la première édition du «Mois sans tabac», qui a eu lieu en octobre 2016, NDLR), la majorité des sondés n'a utilisé aucune aide pour arrêter de fumer. Ces personnes représentaient en effet 69,1 % du total des répondants.
Pour le reste, environ une personne sur trois a déclaré avoir utilisé une aide extérieure. Les aides les plus fréquemment utilisées étant la cigarette électronique et les traitements nicotiniques de substitution (TNS), comme les patchs de nicotine, par exemple.
Ainsi, pour arrêter de fumer, 14,8 % des sondés ont déclaré avoir utilisé une cigarette électronique sans traitement nicotinique de substitution, 11,7 % des TNS sans cigarette électronique, 2,8 % une cigarette électronique associée à des TNS et enfin 1,6 % un médicament (autre que TNS) prescrit par un médecin.
La cigarette électronique plébiscitée par les plus jeunes
Par ailleurs, les profils et âges des anciens fumeurs diffèrent significativement selon le type d’aide utilisée pour arrêter de fumer.
Les personnes qui ont uniquement utilisé la cigarette électronique étaient par exemple plus souvent âgées entre 25 et 49 ans alors que les individus ayant utilisé des traitements nicotiniques de substitution avaient des âges supérieurs.
Pour autant, «l’efficacité de la cigarette électronique comme aide à l’arrêt du tabac est toujours débattue à ce jour», rappelle Santé Publique France.
Compte tenu de l’incertitude sur le rôle de la cigarette électronique pour le sevrage tabagique, en France, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de ne pas décourager un fumeur qui aurait choisi cette méthode comme aide dans sa tentative de sevrage.
L'obésité compte chez les femmes et les hommes
Dernier point, au niveau des disparités entre les sexes cette fois, chez les femmes, l’abstinence tabagique depuis au moins six mois en 2017 était plus souvent associée à un niveau de revenus élevé que chez les hommes.
Si l'étude ne mentionne pas le niveau de revenus moyen à proprement parlé, et permettant de faire pencher la balance, elle considère néanmoins un indice : le revenu par unité de consommation (UC). Chez les femmes, parmi les revenus les plus élevés, cette UC s'établissait ainsi en 2017 à 1,6 contre 1,1 à revenus équivalents chez les hommes.
De ce fait, le facteur prix du tabac pour arrêter de fumer ne semblait pas, chez les femmes, un élément déterminant pour motiver un arrêt du tabac, à la différence du facteur poids et surtout de l’obésité.
De même, l'arrêt radical du tabac, contrairement à un arrêt plus progressif, ainsi que le fait de n’avoir jamais essayé d’arrêter de fumer précédemment, sont des raisons davantage citées chez les femmes (39,3 %) que chez les hommes (35,7 %).
Enfin, parmi les hommes, l’abstinence tabagique était davantage associée à un âge plus avancé, et point commun avec les femmes, au surpoids et à l'obésité.