Il s'agit de la structure qui a porté la candidature d'Anne Hidalgo aux municipales 2020 à Paris... avant un autre défi ? Selon nos informations, le mouvement Paris en Commun est depuis peu dirigé par Célia Blauel, adjointe écologiste à la mairie de Paris. Elle remplace Jean-Louis Missika, l'un des stratèges historiques d'Anne Hidalgo, qui s'est mis en retrait de la politique.
Une promotion qui paraît couler de source, Célia Blauel ayant été des premières réunions organisées pour mettre ce mouvement sur orbite, à partir de 2018. L'objectif : au sein d'une «plate-forme citoyenne d'idées» pour les municipales des socialistes, rassembler des écologistes et des membres de la société civile, tout en décollant l'étiquette peu porteuse du PS.
Après la campagne victorieuse, Paris en Commun a ensuite évolué en mouvement politique, visant à fédérer en dehors de la capitale. Peu avant qu'Anne Hidalgo réunisse en juillet à Tours une vingtaine de maires de grandes villes du pays. Une stratégie qui se déploie aussi pour les régionales 2021, avec «Ile-de-France en Commun», liste qui devrait être menée par une autre adjointe de la maire de la capitale, Audrey Pulvar.
«ce n'est pas encore une galaxie de gens qui réfléchissent à 2022»
Alors que le nom d'Anne Hidalgo revient fréquemment pour porter une candidature de gauche à la prochaine présidentielle, Célia Blauel se défend d'avoir pris la tête «d'un parti politique classique», sans pour autant fermer de porte. «Paris en Commun reste une discussion municipale, ce n'est pas encore une galaxie de gens qui réfléchissent à 2022. Nous échangeons les bonnes pratiques entre les villes face aux crises, climatiques, sanitaires et économiques. Peut-être que nous devrons les porter plus largement par la suite», assure-t-elle à Cnews.
Il se dit que l'été 2021, après les régionales, serait la période propice pour faire décoller la fusée Hidalgo. Pour la nouvelle présidente de Paris en Commun, ce choix d'aller à la présidentielle relèvera avant tout «d'une question de contexte». Refusant pour sa part «d'ajouter à la lourde pression qui pèse sur ses épaules», celle-ci dit entretenir «une relation d'amitié» avec Anne Hidalgo, qui la fait évoluer plutôt dans le registre «de l'accompagnement et de l'empathie».
Une chose est sûre : si Anne Hidalgo en a envie, elle saura créer son cheminCélia Blauel, présidente de Paris en Commun
Les encouragements à franchir le rubicon ne semblent pas manquer autour de la socialiste. «Dans son entourage, certains ont de grandes ambitions, et en rêvent pour elle. D'autres ont plus de sang-froid, analysent la situation et lui laissent le temps», admet Célia Blauel. «Une chose est sûre : si la maire en a envie, elle saura créer son chemin car c'est une femme très forte», assène-t-elle.
Avant d'intégrer le premier cercle de la maire, celle qui assure «séparer sa fonction de militante politique et d'adjointe à la mairie» a adhéré à EELV en 2004 et avait été élue sous les couleurs vertes aux municipales 2014 à Paris. Mais, au fil des années, elle s'est rapprochée de la maire, jusqu'à être contrainte de quitter le groupe écologiste de Paris courant 2019. «Ma proximité avec Anne Hidalgo a toujours gêné, mais nous avons eu des discussions franches avec les verts et nous sommes plutôt en bons termes», fait savoir celle qui se revendique «plus que jamais écologiste».
Chez EELV, on se borne à évoquer des «relations de travail correctes, de la même façon qu'avec les autres élus de Paris en Commun», bien que reconnaissant une «nomination habile» de la part d'Anne Hidalgo, d'une Célia Blauel jugée «fine tacticienne». Pas sûr toutefois que cela aide à améliorer les relations entre la maire socialiste et ses alliés EELV, après les multiples crises depuis sa réélection, dont la dernière en date sur «le rapport à la République» des écologistes. «Anne Hidalgo et les écologistes ont davantage de points communs que de divergences. Cela fait quatre mandats qu'on travaille ensemble à Paris», plaide Célia Blauel.
Elle présente d'ailleurs un profil intéressant pour la maire de Paris en termes d'image : celle d'une jeune femme écologiste, à l'aise médiatiquement. Sur le fond, Célia Blauel maîtrise les dossiers, ayant été adjointe à l'Environnement de 2014 à 2020. Elle avait ensuite refusé un rôle majeur pour le deuxième mandat, à l'urbanisme, pour «raisons personnelles». Cette jeune mère de famille de 39 ans s'est contentée du portefeuille d'adjointe à la prospective Paris 2030 et à la résilience, avant de récupérer la délégation chargée de la Seine, en septembre, à la démission de Pierre Aidenbaum.
Du changement au cabinet de la maire
Par ailleurs, un autre changement vient d'avoir lieu dans l'entourage d'Anne Hidalgo. Sa cheffe de cabinet, partie en congé maternité, est remplacée pour plusieurs mois dans cette fonction par Sébastien Humbert, son conseiller sécurité depuis deux ans. Une nomination «pratique», commente-t-on dans l'entourage d'Anne Hidalgo, de «quelqu'un d'expérimenté, qui connait la maison et qui entretient une bonne relation avec la maire».
C'est aussi un ancien du ministère de l'Intérieur «qui a de très bons réseaux dans les forces de l'ordre», glisse-t-on dans les couloirs de l'hôtel de ville. De quoi «faciliter d'éventuels déplacements de la maire hors de Paris», si d'aventure la décision était prise de battre la campagne.