Le moment est crucial. Après le Royaume-Uni, les Etats-Unis et le Canada, la France s’apprête elle aussi à démarrer bientôt sur son sol une vaste campagne de vaccination contre le coronavirus.
Pour ce faire, le gouvernement doit présenter ce mercredi sa stratégie vaccinale à l’Assemblée nationale, avant un second débat, le lendemain, au Sénat.
L’occasion, selon l’exécutif, de faire un point sur l’avancée des vaccins, des commandes et surtout sur le calendrier. Mais cette présentation se double d’une mission : celle de convaincre une population majoritairement rétive au vaccin et rendue très méfiante après les couacs successifs sur les masques et les tests.
Un défi logistique et politique
Interrogé ce mardi sur Europe 1, le Premier ministre Jean Castex a confirmé que la campagne de vaccination allait commencer dès le début de l’année prochaine.
Par conséquent, le principal enjeu pour le gouvernement va consister à assurer que les sérums sont sans danger et que les délais seront respectés.
ECOUTEZ - Le Premier ministre @JeanCASTEX est l'invité de @SoMabrouk dans Europe Matin
Le direct vidéohttps://t.co/H14cXti2pO#CastexEurope1 pic.twitter.com/DIgXcLTpO2— Europe 1 (@Europe1) December 15, 2020
Sauf surprise, et conformément à ce qui avait déjà été annoncé le 3 décembre dernier par le ministre de la Santé Olivier Véran, seront ainsi d’abord concernés les Ehpad, début janvier, puis, entre février et mars, les personnes présentant des facteurs de risques ou les professionnels de santé, et enfin, au printemps, le grand public.
A condition toutefois que la machine ne vienne pas à se gripper. La première échéance de janvier correspond en effet à celle où les deux premiers vaccins les plus avancés – Pfizer/BioNTech et Moderna – pourraient avoir été validés par les autorités sanitaires.
Or, ces deux sérums nécessitent d’être conservés à très basse température (- 76°C et -20 °C respectivement). Si Jean Castex a assuré, hier, que tout avait été mis en œuvre au niveau logistique pour assurer la diffusion des vaccins aux populations concernées, le moindre grain de sable pourrait néanmoins vite retarder tout le calendrier.
Un casse-tête logistique que les députés ne vont pas manquer aujourd’hui de soulever. «Il y aura besoin de beaucoup de clarté sur les doses et l’acheminement», résumait notamment, hier, le socialiste Boris Vallaud.
Dès lors, ce défi logistique se double d’un autre, politique cette fois. A l’approche de la présentation de cette stratégie, suivie d’un débat sans vote, les oppositions réunies n’ont en effet eu de cesse d’émettre des doutes quant à la fiabilité des vaccins et à la capacité de l’exécutif à les déployer.
Des Français très circonspects
Mais au-delà de la seule représentation nationale, ce sont surtout les Français qui sont loin d’être rassurés. Selon un récent sondage Ifop-Fiducial pour CNEWS, 61 % d’entre eux n’ont ainsi pas l’intention de se «faire vacciner contre le Covid lorsque cela sera possible».
Loin des traditionnels «anti-vax», beaucoup craignent surtout des effets secondaires qui auraient été mal anticipés.
«J’entends les réticences», a pourtant déjà assuré Jean Castex au début du mois. «Le vaccin sera autorisé au terme d'une procédure rigoureuse et les citoyens seront associés», avait-il ajouté.
Ce faisant, une trentaine de Français pourraient ainsi être tirés au sort pour travailler prochainement sous l’égide de l’immunologue Alain Fischer, désigné «monsieur vaccin» du gouvernement.
A voir si tout cela sera suffisant, car contrairement aux décisions, la confiance ne se décrète pas, elle se gagne.