Le Premier ministre Jean Castex a présenté ce jeudi 3 novembre la stratégie que va mettre en œuvre le gouvernement pour vacciner les Français. La campagne, qui devrait commencer dès le mois prochain, sera divisée en trois phases successives.
La première devrait s'ouvrir dès janvier, avec la réception des premiers vaccins. Ils seront d'abord réservés aux personnes âgées en établissement (notamment Ephad) et aux personnels à risque y travaillant. Cela représente «environ 1 million de personnes, soit la quantité de vaccin livrées pendant ce premier mois janvier», a indiqué Jean Castex.
Puis, «le périmètre de vaccination sera élargi au fur et à mesure» selon le Premier ministre. Cette deuxième phase commencera en février, et concernera «environ 14 millions de personnes à risque, à cause de leur âge ou d'une pathologie, ainsi que certains personnels de santé», a fait savoir le Premier ministre. Ce seront d'abord les plus de 75 ans qui en bénéficieront, a détaillé le ministre de la Santé Olivier Véran, qui pilotera cette campagne.
Enfin, la phase 3 pourrait s'enclencher «au printemps», avec l'ouverture de la vaccination «à toute la population». Passeront en premier «les 50-64 ans, les personnels essentiels (sécurité, éducation, alimentation), les personnes vulnérables et précaires, et enfin le reste de la population majeure», a expliqué Oliver Véran. Pour l'instant, la vaccination des mineurs n'est pas à l'ordre du jour.
Une capacité de 100 millions de personnes vaccinées
Grâce à 6 contrats d'approvisionnement, la France devrait disposer de «200 millions de doses, qui permettraient de vacciner 100 millions personnes», selon Jean Castex. Les deux premiers disponibles seront ceux de Pfizer/BioNtech et de Moderna. Le Premier ministre a ensuite souligné que la vaccination «ne sera pas obligatoire», mais il a appelé les Français à être «les plus nombreux possibles» à se faire vacciner, «un acte altruiste» pour «protéger les autres». De plus, cet acte sera gratuit, le gouvernement ayant prévu «1,5 milliard euros, inclus dans le budget 2021 de la Sécurité sociale».
«Les personnes prioritaires se verront proposer une consultation en amont, pour vérifier leur état de santé et les informer sur le vaccin, avant de recueillir leur consentement. Cette consultation pourra, dans certains cas, donner immédiatement lieu à la vaccination. Pour les Ephad, les familles seront étroitement associées», a précisé Olivier Véran.
Face aux «réticences et aux craintes exprimées par certains», le chef du gouvernement a souligné que la stratégie vaccinale française était centrée «autour de trois impératifs : la sécurité, la transparence et la proximité». La Haute autorité de Santé devra donner ses validations, tandis qu'un dispositif de traçage individuel des personnes vaccinées sera mis en place par l'Agence nationale de sécurité du médicament et la Sécurité sociale. Enfin, «chacun devra pouvoir se faire vacciner par un professionnel de santé à coté de chez lui, qu'il connaît et en qui il a confiance, en particulier les médecins traitants», espère Jean Castex.
Ces dispositifs seront présentés devant le Parlement en décembre. En outre, un «conseil d'orientation de la stratégie de vaccination» verra le jour pour aider le gouvernement, comportant des experts scientifiques, des professionnels de santé, des représentants des collectivités territoriale, des associations de patients et des citoyens. Il sera présidé par Alain Fischer, professeur en immunologie pédiatrique et nouveau «Monsieur vaccin» du gouvernement.
«Il faudra rester vigilant dans les prochains mois»
Ce dernier a appelé à la prudence, malgré les bonnes nouvelles sur les candidats vaccins. «Nous ne disposons que des communiqués de presse des industriels et pas des dossiers scientifiques. Le recul sur leurs effets ne dépasse pas 2-3 mois, ce qui est bref mais significatif», a nuancé Alain Fischer. Et enfin, à plus long terme, «est qu'en plus de protéger contre l'infection, ils empêchent aussi la transmission du virus».
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a également fait part de ses précautions sur le futur. «Le vaccin ne changera pas le cours de l'épidémie tout de suite. Il faudra rester vigilant dans les prochains mois, continuer à respecter le port du masque, les gestes barrières et à se faire tester. Nous resterons pendant plusieurs mois en prise avec la situation actuelle».