L'enquête visant Christophe Girard, ancien adjoint à la culture de la mairie de Paris, a été classée sans suite a indiqué ce mercredi 25 novembre le parquet de Paris. Il était accusé de viol sur mineur, mais les faits sont prescrits, selon la justice.
La procédure judiciaire avait été ouverte le 18 août, après des accusations publiées dans le New York Times. Le parquet de Paris enquêtait pour «viol par personne ayant autorité», soulignant la nécessité de déterminer l'exactitude des accusations et si «la prescription de l'action publique était acquise» au vu de l'ancienneté des faits. La justice ne s'est donc pas prononcée sur la véracité des faits rapportés.
L'homme, Aniss Hmaïd, dit avoir fait la connaissance de Christophe Girard en Tunisie à l'été 1989, à l'âge de 15 ans. S'en serait suivie une relation abusive, pendant une décennie environ, entraînant «des blessures psychologiques durables». La victime présumée, désormais âgée de 46 ans, a indiqué que Christophe Girard l'avait agressé sexuellement une première fois à 16 ans, lors d'un voyage aux États-Unis. Il l'aurait ensuite contraint à avoir des rapports sexuels une vingtaine de fois en près de dix ans.
Des missions chez Yves Saint Laurent
En contrepartie, celui qui était à l'époque l'un des principaux dirigeants de la maison Yves Saint Laurent «lui obtenait des emplois temporaires» dans cette entreprise, et l'aurait employé occasionnellement comme domestique dans sa maison d'été dans le sud de la France. Pour sa part, Christophe Girard, 64 ans, assure qu'il s'agit d'allégations «graves» et «sans fondement», niant en particulier les rapports sexuels. Le 5 novembre, il a été entendu par la police en «audition libre», à la brigade de protection des mineurs. Aniss Hmaïd, qui a refusé de porter plainte, avait été entendu en septembre.
«Ce classement sans suite est satisfaisant. La décision du parquet est juste», «rien n'est à reprocher à Christophe Girard», a réagi l'avocate de Christophe Girard, Me Delphine Meillet. «Christophe Girard a vécu trois mois d’enquête, trois mois difficiles sur le plan humain, familial, professionnel et politique». Interrogée, la mairie de Paris n'a pas souhaité communiquer. Proche de longue date d'Anne Hidalgo, Christophe Girard était adjoint à la culture depuis 2001, avec un intermède en tant que maire du 4e arrondissement de 2012 à 2017.
Il est également impliqué dans l'affaire Matzneff, pour ses liens présumés avec l'écrivain accusé de pédophilie Gabriel Matzneff. Face aux critiques sur ce sujet, Christophe Girard avait fini par démissionner de son poste d'adjoint fin juillet. Des invitations à dîner aux frais de la mairie avait ensuite été révélées. Anne Hidalgo l'a soutenu pendant plusieurs semaines, jusqu'aux accusations de viol sur mineur, fin août. Même s'il s'est «mis en retrait» de la politique parisienne, Christophe Girard n'a pas démissionné de ses fonctions de conseiller de Paris et de conseiller du 18e arrondissement.
Un autre adjoint de la maire de Paris est mis en cause dans une affaire similaire. Pierre Aidenbaum, ancien maire du 3e et ephémère adjoint à la Seine lors du deuxième mandat d'Anne Hidalgo, a aussi démissioné le 14 septembre. Il vient d'être mis en examen pour «viol» et «agressions sexuelles» sur une collaboratrice.