Avec la fermeture de leurs ateliers, l’absence de foires et de marchés de Noël, les santonniers de Provence Alpes Côte d’Azur sont en grande difficulté financière. Cet artisanat ancestral est menacé de disparition à cause de la crise sanitaire.
Nora Peters est très inquiète. Cette santonnière d’Aubagne dans les Bouches-du-Rhône a vu son activité chuter de 95% en raison du confinement qui l’empêche d’accueillir des clients dans son atelier et de se déplacer sur les événements qui lui permettent en temps normal d’écouler sa marchandise avant les fêtes de fin d’année.
« J’ai été contrainte de mettre mon employé au chômage partiel, explique celle qui fabrique des santons et des décors pour les crèches de Noël. Si la situation n’évolue pas, je serai peut-être obligé de le licencier au début de l’année prochaine. Le click and collect ne suffit pas». Pour ces artisans, en effet, le confinement tombe au plus mauvais moment .
« D’habitude , je travaille beaucoup avec les jardineries, précise Nora. Malheureusement, elles ne peuvent plus rien me commander. Cet automne, j’ai perdu 30 000 euros. Mes confrères et moi avons peur de disparaitre. Nous sommes une vingtaine sur Aubagne. Si nous mettons la clé sous la porte, c’est un savoir-faire ancestral qui n’existera plus, c’est bien triste». Le métier de santonnier est né à la fin du 18e siècle, au lendemain de la Révolution.
Un courrier à Emmanuel Macron
À Lucéram, dans les Alpes-Maritimes, la situation est également catastrophique pour l’économie locale. Le traditionnel circuit des crèches, qui accueille chaque année des dizaines de milliers de visiteurs, est annulé.
« J’ai 72 ans et je n’avais jamais vécu cela. Cela me perturbe beaucoup. C’est dramatique pour toute la profession qui est en grand danger » confie Christiane Ricort, la présidente de l’association de la maison de pays de Lucéram et du Haut Paillon qui organise la manifestation. Nora Peters, en appelle au Président de la République. Sur la page Facebook de son atelier (Atelier 3D-Lou Santounié), elle a publié un courrier adressé par Florence Amy, la présidente de l’association des céramistes d’Aubagne et de Provence, au chef de l’Etat Emmanuel Macron. Comme un dernier appel au secours. « Cette tradition qui perdure depuis 200 ans fait vivre de nombreux ateliers, peut-on y lire. Je vous en conjure, permettez-nous au moins de faire nos marchés de Noël au mois de décembre ».