Emmanuel Macron a dénoncé, mardi à Paris, «le dévoiement du droit d'asile» dans de nombreux pays européens, à l'issue d'une réunion avec plusieurs dirigeants. Au cours de la conférence de presse qui a suivi, le chef de l'Etat a estimé qu'il fallait «regarder lucidement les liens qui existent» entre l'immigration clandestine et le terrorisme, appelant à une «refonte de l'espace Schengen».
Le droit d'asile est aussi utilisé «par des trafiquants», des «réseaux» ou des personnes «venant de pays qui ne sont pas en guerre», a-t-il déclaré devant la presse.
Nous devons réformer Schengen pour qu’il soit un espace de libre circulation mais aussi de sécurité. pic.twitter.com/dIv9jCszm4
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) November 10, 2020
Cette réunion rassemblait le chancelier autrichien Sebastian Kurz, qui était présent à l'Elysée avec le président français, mais aussi la chancelière allemande Angela Merkel, restée à Berlin, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte depuis La Haye, ainsi que le président du Conseil européen Charles Michel accompagné de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à Bruxelles.
La visioconférence a été organisée dans un contexte tendu, une semaine après l'attentat jihadiste de Vienne, celui de Nice quelques jours plus tôt, et la décapitation du professeur Samuel Paty au mois d'octobre.
«Une réponse coordonnée et rapide»
«Il ne faut en rien confondre la lutte contre l'immigration clandestine et le terrorisme, mais il nous faut regarder lucidement les liens qui existent entre ces deux phénomènes», a précisé le chef de l'Etat lors de cette conférence de presse.
Les pays européens ont «besoin d'une réponse coordonnée et rapide» pour faire face à la menace terroriste, a déclaré Emmanuel Macron. Pour le président français, cette réponse doit en particulier porter sur «le developpement de bases de données communes, les échanges d'information ou le renforcement des politiques pénales», et une «mise en œuvre complète et rigoureuse de l'arsenal de mesures dont l'Europe s'est déjà dotée».
La création d'«un Conseil de sécurité intérieur» nécessaire ?
«Nous devons travailler à une refonte de l'espace Schengen (...) pour qu'il soit aussi un espace de sécurité», a-t-il aussi affirmé. Le président français a notamment jugé qu'il était nécessaire de «renouveler la gouvernance de cet espace, qui ne fait pas aujourd'hui l'objet d'un suivi politique régulier englobant l'ensemble des politiques concernées - qu'il s'agisse des frontières, d'asile-migration , de sécurité intérieure»
Emmanuel Macron a enfin affirmé souhaiter la création d'«un véritable Conseil de sécurité intérieur» qui réunirait les ministres de l'Intérieur de chaque pays membre de l'Union européenne. Des déclarations qui ont suscité plusieurs réactions chez les personnalités politiques, telle celle de Nadine Morano, qui est intervenue sur la chaîne CNEWS.
Nadine Morano : «Il faut empêcher l’arrivée de tous ces bateaux qui arrivent illégalement sur le continent européen» #LaMatinale pic.twitter.com/w6mDhZxhf9
— CNEWS (@CNEWS) November 11, 2020
Julien Odoul, le président du groupe Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, s'est lui aussi exprimé sur la chaîne.
«Aujourd’hui Emmanuel Macron parle comme Marine Le Pen, malheureusement Emmanuel Macron agit toujours comme Emmanuel Macron», a notamment réagi l'élu.