Alors qu'environ 150 km de pistes cyclables ont été créées depuis près de 6 mois en région parisienne, de nouvelles «coronapistes» devraient prochainement voir le jour. Le Collectif Vélo Ile-de-France lance un observatoire pour suivre leur avancée, ce jeudi 29 octobre.
Le maillage des pistes cyclables en Ile-de-France ne sera «parfait» que «lorsque les enfants pourront y circuler dans toutes les rues», a fait savoir Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif Vélo, qui rassemble 38 associations de cyclistes représentant une centaine de communes franciliennes, et lance ce jeudi l'observatoire des «coronapistes».
Et force est de constater que cet objectif est loin d'être atteint. A ce jour, selon l'observatoire du Collectif Vélo, 165 km de pistes cyclables ont été créées en Ile-de-France, dont la majorité se trouve à Paris (+ de 42 km) et dans les Hauts-de-Seine (+ de 40 km).
Des pistes déployées en un temps record
Mais la construction des pistes cyclables provisoires – communément appelées «coronapistes» – est déjà un grand pas en avant. Alors que le réseau ne comptait qu'une dizaine de kilomètres au 11 mai dernier, ces aménagements ont été «développés en un temps record», selon la préfecture de Paris et d'Ile-de-France, qui en finance une grande partie.
Certaines de ces pistes préfigurent d'ailleurs le projet de RER vélo porté par le Collectif Vélo Ile-de-France. Sur son site, le collectif tient une carte de l'avancée des déploiements de ces pistes, sur une carte régulièrement mise à jour. «Cette carte projette dans l’avenir, avec les projets qui devraient aboutir dans les jours et semaines qui viennent à des réalisations concrètes sur le terrain», peut-on lire sur le site du Collectif.
Sur cette carte, toutes les voies en orange sont les pistes cyclables temporaires, réalisées pour la plupart depuis la fin du confinement et en gris, celles qui sont encre au stade de projet. «Nous avons également fait ressortir les grands axes cyclables qui vous permettront de vous déplacer à vélo sur de longues distances en sécurité», explique le Collectif Vélo, qui propose de zoomer dans la carte pour avoir le détail des infrastructures non sécurisées, «telles que les bandes cyclables, les voies de bus partagées et les double-sens cyclables».
Une nécessité si l'on prend en compte la hausse du nombre de cyclistes en Ile-de-France. Depuis la fin du confinement au printemps dernier, ils sont de plus en plus nombreux à avoir fait du vélo leur moyen de transport principal. Selon l'association Vélo et Territoires, la fréquentation cyclable a ainsi progressé de 34 % en milieu urbain, et encore plus dans certaines grandes villes, comme Paris (+ 72 %).
Le reconfinement pourrait toutefois mettre un frein à cette tendance, avec des «vélotafeurs» qui devraient davantage rester en télétravail.
Il reste encore beaucoup à faire
Pour autant, il reste beaucoup à faire lorsqu'on regarde ce qu'il se passe concrètement sur le terrain : pistes peu visibles, mal aménagées voire impraticables au quotidien. Beaucoup de cyclistes franciliens dénoncent en effet le manque de visibilités des pistes temporaires, parfois uniquement délimitées par un trait au sol, et plus généralement le manque d'infrastructures sécurisées.
Pérenniser les «coronapistes» est «une très bonne décision», s'est félicité Jean-Sébastien Catier, le président de l'association Paris en Selle. Mais pour lui, tout reste à faire, dans la mesure où cette pérennisation représente «un vaste chantier», qui «nécessite du travail et de la concertation».
Selon lui, deux aspects sont en effet à prendre en considération : l'aménagement des coronapistes de façon pérenne d'un côté mais surtout la création de vraies pistes cyclistes protégées du flux autoroutier sur les grands axes franciliens qui en sont encore dépourvus de l'autre.
Coronapiste inutilisable
Emblématique du déconfinement, symbole du verrou qui saute et ouvre une ère nouvelle, la coronapiste vers La Défense est de moins en moins empruntable.
Il y a urgence pour @Prefet75_IDF et @VilledeNeuilly à reprendre les choses en main ! https://t.co/VgeZUb58l5 pic.twitter.com/CB2NkTz3KL— Collectif Vélo Île-de-France (@VeloIdF) October 23, 2020
C'est le cas notamment en grande couronne, où les «coronapistes» sont quasiment inexistantes. D'après les données de l'observatoire des «coronapistes» mis à jour par le Collectif Vélo, moins de 10 km de ces pistes provisoires ont vu le jour en Seine-et-Marne (77) et dans les Yvelines (78), et aucune en Essonne (91).
Des aides de l'Etat pour la construction des pistes
Et c'est justement pour satisfaire ces besoins croissants, que la préfecture de Paris et d'Ile-de-France a lancé en octobre une deuxième tranche d'investissements de 100 millions d'euros pour en créer de nouvelles pistes cyclables ou pérenniser celles qui n'étaient pour l'instant que provisoires. Les municipalités franciliennes ont jusqu'au vendredi 30 octobre pour postuler.
«J’invite le maximum de collectivités et d’acteurs locaux à se joindre à cette démarche enthousiasmante qui [...] s’inscrit pleinement dans la nécessaire dynamique de transition écologique engagée par le gouvernement et dont notre région peut être une vitrine mondiale» a déclaré à ce sujet Marc Guillaume, le préfet de Paris et d'Ile-de-France.
Au total, 450 millions d'euros ont été débloqués par aider au développement de ces nouvelles pistes cyclables via le «fonds de mobilité active» doté de 350 millions d’euros, et récemment abondé de 100 millions d’euros supplémentaires dans le cadre du plan de relance.