«A travers lui, c'est toute l'école républicaine qui est visée», écrivent les collègues enseignants de Samuel Paty, quatre jours après son assassinat. Dans un communiqué publié mardi 20 octobre, les professeurs du collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine, expriment leur tristesse et leur inquiétude, notamment concernant «l'impact des réseaux sociaux».
Dans ce texte, publié en intégralité par franceinfo, ils expliquent avoir «différer [leur] prise de parole» par «décence envers la famille» de la victime, «respect des procédures de l'enquête» mais aussi pour prendre en compte le «traumatisme de l'ensemble de la communauté éducative».
Chronologie des événements depuis le cours du professeur #SamuelPaty sur la liberté d'expression le 5 octobre #AFP @TifSaintCriq pic.twitter.com/vtJB1KiwQp
— Agence France-Presse (@afpfr) October 20, 2020
Car, ils insistent, «cet acte odieux qui dépasse l'entendement» «bouleverse» toute la profession, puisqu'il vient bafouer «le socle de l'école publique» reposant «sur les valeurs républicaines et laïques».
Celles que leur collègue, Samuel Paty, défendait «dans son enseignement sur la liberté d'expression», qui lui a valu d'être décapité, vendredi 16 octobre. Celles, encore, que les signataires du texte promettent de continuer à transmettre «au quotidien dans l'intérêt des élèves».
Réclamant «le droit d'exercer [leur] profession dans le respect de la liberté pédagogique et en toute sécurité», les enseignants du collège du Bois d'Aulne soulignent le rôle des réseaux sociaux dans la mort de Samuel Paty. «La rapidité avec laquelle l'information est diffusée au plus grand nombre, et son aspect irréversible, sont un véritable fléau dans l'exercice de notre métier», dénoncent-ils.
Une campagne de haine sur Facebook
Pour rappel, une mobilisation avait été lancée au début du mois d'octobre sur Facebook afin de faire exclure Samuel Paty de son établissement, après que l'enseignant a montré des caricatures de Mahomet en classe, lors d'un cours sur la liberté d'expression.
Un parent d'élève avait notamment donné l'adresse du collège ainsi que le nom du professeur d'histoire-géographie, le qualifiant de «voyou», dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. Or, les récents éléments de l'enquête montrent que le meurtrier de Samuel Paty était entré en contact avec le parent d'élève en question sur Whatsapp, peu avant l'attaque.
Dans cette affaire, les collègues de l'enseignant assassiné ne sont pas les seuls à pointer la responsabilité des réseaux sociaux, puisque les dirigeants France des principales plates-formes ont été convoqués ce mardi matin par Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté.