Le ministère de la Santé a publié vendredi un décret très attendu par les malades autorisant les premières expérimentations, dans un cadre très contrôlé et limité, du cannabis à usage thérapeutique en France.
L'Assemblée nationale française avait autorisé ce test grandeur nature en 2019 mais son début avait été retardé en raison de la crise sanitaire. Selon le texte paru, l'expérimentation devra commencer nécessairement avant mars 2021 et concernera 3.000 patients.
Le cannabis à fumer est exclu du protocole. Les médicaments se présenteront sous forme d'huiles, de gélules et de fleurs séchées à vaporiser et ne seront administrés qu'à des patients souffrant de maladies graves: certaines formes d'épilepsies, de douleurs neuropathiques, d'effets secondaires de chimiothérapie, de soins palliatifs ou de scléroses en plaques.
«Le décret est publié dans un contexte difficile pour les malades en particulier, victimes d'une stigmatisation toujours plus forte et d'un discours gouvernemental offensif contre le cannabis en général», s'est félicité dans un communiqué le Collectif Alternative pour le cannabis à visée thérapeutique (ACT).
Depuis le 1er septembre, l'amende forfaitaire de 200 euros pour tous les usagers de drogue, notamment de cannabis, a été généralisée en France. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait déclaré en septembre s'opposer à la légalisation du cannabis qu'il qualifiait de «merde».
Pour son usage thérapeutique, les députés de la mission parlementaire en charge du sujet et plusieurs association de malades pressaient l'Etat depuis des mois d'agir plus vite.
«Il faut que la France sorte de la préhistoire en matière de cannabis», une plante «qui est une drogue mais qui peut aussi être un médicament», a ainsi déclaré le rapporteur général de la mission Jean-Baptiste Moreau (LREM).
Le cannabis à usage médical est autorisé dans une trentaine de pays au monde. En Europe, les Pays-Bas en ont été les pionniers dès 2003, suivi depuis par 22 pays (sur 27), dont la France désormais.