L'annonce de la fermeture des bars et restaurants de la métropole d'Aix-Marseille-Provence est un véritable coup dur pour les professionnels du secteur. Elle met en péril leur activité, déjà fragilisée par plusieurs mois de pandémie. Cette décision vécue comme une injustice répond pourtant aux récents chiffres de Santé publique France, selon lesquels 50 clusters liés à la restauration ont été enregistrés depuis le déconfinement.
Cela représente 20% des foyers de contamination issus des entreprises. Comme le rapporte le Journal du dimanche, il était jusqu'à présent difficile d'estimer le potentiel infectieux des bars et restaurants car les clusters qui s'y formaient étaient classés de manière indifférenciée dans la catégorie «entreprises privées ou publiques».
[#COVID19] L’épidémie s’intensifie, la prévention doit être individuelle et collective #gestesbarrières
Se protéger soi-même, c’est aussi protéger les autres pic.twitter.com/JKUbNi6SD6— SantépubliqueFrance (@santeprevention) September 25, 2020
Mais, pour les scientifiques, il n'est pas surprenant de constater que ces établissements sont des vecteurs de transmission du coronavirus. Cela tient principalement au fait que les clients des bars et restaurants sont autorisés à enlever leurs masques une fois installés à une table. Alors même qu'ils se trouvent dans un espace clos, souvent mal aéré.
L'évolution des recherches concernant le Sars-CoV-2 tend à montrer que sa transmission par aérosols va au-delà des particules produites par des éternuements ou des quintes de toux. Les microgouttelettes, notamment émises quand on parle, sont elles aussi mises en cause.
En juillet dernier, le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) a mené une étude qui a montré que, sur un échantillon d'individus présentant des symptômes évocateurs de Covid-19, les personnes testées positives ont rapporté 2,4 fois plus souvent que les autres avoir dîné dans un restaurant au cours des 14 jours précédant le début des symptômes. Ailleurs à l'étranger, des scientifiques japonais ont estimé à 13% la part des cas de Covid-19 liés à des bars ou des restaurants, sur l'ensemble des contaminations enregistrées de janvier à avril.
Il est probable que les 20% annoncés par Santé publique France constituent une sous-estimation du phénomène, étant donné la difficulté à tracer les cas contacts dans ces lieux publics où les gens ne se connaissent pas. En tout cas, les exemples de contaminations multiples dans les bars ou restaurants ne manquent pas, notamment en Bretagne cet été. Une soirée dansante dans un bar a été à l'origine de dizaines de cas de Covid-19 à Quiberon (Morbihan), tandis que les contaminations lors de soirées d'intégration étudiantes à Rennes ont amené Michèle Kirry, la préfète de région, à décréter mi septembre la fermeture des débits de boisson à 23h. Une réalité sanitaire qui vient se heurter à celle, économique, d'une profession en danger.