Tout le monde a déjà eu une envie pressante impossible à soulager rapidement, faute de toilettes à proximité, ou parce que le moment n’est pas opportun. Mais cela ne doit pas devenir une habitude car se retenir d’uriner, ou d’aller à la selle, n’est pas sans risques pour la santé.
Comme l’explique le professeur Morgan Roupret, chirurgien urologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, lorsqu’on dépasse la capacité de stockage de sa vessie, qui est chez l’adulte d'environ 300 à 500 ml, «la pression qui s’exerce dans la vessie n’est pas tolérable pour les reins, qui peuvent finir par s’abîmer. Et cela peut ensuite provoquer de l’insuffisance rénale.»
perte des capacités d’expulsion et infections
Il faut également savoir que la vessie est entourée d’un muscle, le détrusor. Et si on ne vidange pas régulièrement son réservoir vésical, «on risque de rompre ce muscle, et de perdre les capacités d’expulsion, c’est-à-dire de contraction de la vessie», ajoute le praticien, précisant qu’il peut également y avoir «des mictions par regorgement, c’est-à-dire des petites fuites d’urine liées à l’hyperpression dans réservoir vésicale».
Autre conséquence possible non négligeable : les infections. En effet, quand on se retient d’aller aux toilettes, «les urines vont stagner». Et l'immobilisation prolongée de ce fluide biologique «va favoriser la pullulation microbienne, donc les infections urinaires, comme par exemple les cystites», affirme le professeur Roupret. Et si elles sont non traitées, il peut y avoir «un reflux de ces bactéries vers le haut appareil urinaire», provoquant une affection plus grave : la pyélonéphrite.
constipation, hémorroïdes, ballonnements…
Afin d’éviter quelques effets secondaires désagréables, il est également recommandé de ne pas trop retarder l’évacuation des selles quand l’envie se fait sentir. «Si on n’écoute pas ses besoins, la selle va repartir en sens inverse et se déshydrater. Elle va ainsi devenir encore plus dure et cela va aggraver, ou former, une constipation», explique Martine Cotinat, gastro-entérologue, diplômée de nutrition et micronutrition.
Et l'une des conséquences de ce trouble du transit est l'apparition des hémorroïdes, veines dilatées se formant au niveau de l'anus ou du rectum. Même si elles sont généralement sans gravité, elles peuvent s'avérer douloureuses et incommodantes.
«Plus on est constipé, plus on va forcer. On risque alors non seulement d’abîmer petit à petit son périnée, mais aussi de favoriser l’apparition d’hémorroïdes et/ou de fissure anale», ajoute-elle. Sans compter que «la formation d’un bouchon peut favoriser les fausses diarrhées ou les fuites anales, une situation qui est fréquente chez l’enfant, trop occupé à jouer».
déclencher l'envie en buvant et en mangeant
D’autre part, «les microbes vont continuer à fermenter dans l’intestin, ce qui va provoquer ballonnement et augmentation de l’émission de gaz», note la spécialiste, auteure du livre «Maigrir de plaisir en charmant ses bactéries» (éd. Thierry Souccar). Des inconforts abdominaux qui peuvent s’avérer très handicapants au cours de la journée. Ainsi, même si l'envie finit par passer, Martine Cotinant conseille de la déclencher à nouveau «en buvant de l’eau ou en remangeant quelque chose».
En effet, «quand l’estomac se remplit, cela engendre un réflexe qui favorise l’envie d’aller à la selle». C'est pourquoi la plupart des gens vont aux toilettes après le petit déjeuner, à condition de prendre le temps. Car si on mange rapidement et que l'on part dans la foulée, on ressentira moins le besoin d'aller à la selle, prévient-t-elle, et «c’est de cette manière que la constipation peut commencer à s’installer».