D’inquiétants cas de chevaux tués ou affreusement mutilés se multiplient cet été. Alors que les enquêteurs recherchent chaque indice pour espérer trouver un ou des coupables, les propriétaires d’équidés vivent dans l’angoisse.
Des actes d’une cruauté atroce
Dès la fin du mois de juin, une note du Service central du renseignement territorial évoquait déjà au moins onze actes similaires depuis décembre 2018. Et les attaques se sont multipliées cet été, notamment depuis août : un poney tué et mutilé dans l’Essonne, une pouliche laissée en vie mais «l’œil et les oreilles arrachés, le cœur poignardé, le vagin enlevé» en Saône-et-Loire, une jument ayant subi le même sort dans le Jura, un pur-sang égorgé dans les Côtes-d’Armor, et la liste est encore longue, dans une vingtaine de départements…
Dernièrement, une ponette a été retrouvée morte, le crâne fracassé, l’oreille coupée et une partie du museau tranché en Saône-et-Loire.
Au total, «plus de 150 cas sont étudiés», sans qu’ils relèvent tous de ces attaques , a indiqué le colonel Hubert Percie du Sert, coordinateur de la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie. Il recense «une vingtaine» de cas d'oreilles coupées, auxquels s'ajoutent les faits de «mutilations d'organes génitaux (et) de lacérations avec des objets tranchants».
Je suis écœurée de la race humaine franchement! Dans la nuit du 7 au 8 août, des personnes se sont introduits dans un de nos près puis ont attraper un poulain de 18 mois au lasso, l’ont poignarder en plein coeur, l’ont lacérer , puis arracher un oeil, les oreilles et le vagin...
— Lucie Martinot (@LucieMartinot) August 9, 2020
Scipion tué gratuitement par un ou des ordures qui lui ont coupé une oreille et arraché un œil !
Les faits se sont déroulés sur le secteur de Grumesnil au niveau du bois Merlet (Seine Maritime).
Si vous avez des informations : gendarmerie de Gournay-en-Bray au 02 35 90 00 17 pic.twitter.com/Z2M7eaVYSO— Alliance Animale (@LaLiguedesanim1) June 24, 2020
Une enquête difficile
De très nombreuses enquêtes ont été ouvertes pour ces faits, avec des appels à témoin lancés pour retrouver la trace des auteurs. S’il est impossible pour le moment de savoir si un lien existe entre chaque attaque ou s’il s’agit de cas isolés, des hypothèses sont évoquées. Satanisme ? Secte ? Défi macabre sur internet ? Le fait que les oreilles des animaux soient très souvent prélevées laisse en tout cas croire à un rite fétichiste. La piste d'individus haïssant les équidés a également été avancée.
La précision de certaines coupures et la façon dont des chevaux ont pu être approchés laissent aussi entrevoir la main de personnes ayant une bonne connaissance de ces bêtes. Il est également possible, depuis la médiatisation de ces faits, que des imitateurs aient pris le relais, ce qui expliquerait l’explosion de cas un peu partout sur le territoire. Bref, autant de possibilités différentes sur lesquelles les forces de l'ordre doivent travailler.
Un homme arrêté puis relâché
Alors que les enquêteurs se trouvaient dans la plus grande difficulté, une description donnée par le président d’un refuge de l’Yonne avait permis d'envisager une première piste. Deux hommes s’en était pris à lui dans la nuit du 24 au 25 août, après avoir mutilé un cheval et deux poneys. «J’ai été réveillé par les hurlements de deux cochons. J’ai éclairé, il y avait deux individus dans la ferme. L’un des agresseurs est venu me taper avec une serpette. Je lui ai donné des coups de canne et on s’est battus. Après avoir parlé dans une langue étrangère, lui et son compagnon ont pris la fuite», a-t-il raconté sur RTL.
Il avait alors pu dresser le portrait-robot de l’un des deux hommes, âgés de 40 à 50 ans. La description avait permis l'arrestation d'un quinquagénaire lundi 7 septembre dans le Haut-Rhin. Interrogé par les gendarmes, il a finalement été relâché et mis hors de cause, son alibi ayant été vérifié.
Que peuvent faire les propriétaires de chevaux ?
Face à l’ampleur qu’a pris cette affaire, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a lui-même partagé sur les réseaux sociaux une liste de recommandations de la gendarmerie pour les propriétaires de chevaux. Il leur est ainsi conseillé de surveiller quotidiennement leurs bêtes, d’éviter de leur laisser un licol (l'harnachement qui permet de les saisir au niveau de la tête) lorsqu’elles sont au pré ou d’installer une petite caméra filmant les pâtures.
Face à la vague ignoble de mutilations de #chevaux, des enquêtes sont en cours. Ces sévices cruels sont intolérables.
Mon ministère est mobilisé avec la brigade nationale d’enquêtes vétérinaires & phytosanitaires.
Propriétaires, suivez les recommandations de la @Gendarmerie pic.twitter.com/Hp8RQjKfSv— Julien Denormandie (@J_Denormandie) August 25, 2020
Il est également demandé d’informer les forces de l’ordre de tout comportement suspect.
Une page Facebook nommée «Justice pour nos chevaux» a également vu le jour, pour que les personnes victimes de ces actes entrent en contact. Plus de 15.000 personnes sont membres.