Une ré-autorisation temporaire. Malgré l'opposition des écologistes et des apiculteurs, le projet de loi permettant des dérogations à l'interdiction des néonicotinoïdes, des insecticides néfastes pour les abeilles, est présenté, ce jeudi 3 septembre, en conseil des ministres.
Ces dérogations seront «réservées» à la culture des betteraves sucrières, menacées par la jaunisse, une maladie transmise par un puceron vert, a indiqué ce mercredi le gouvernement, qui s’appuie sur l'article 53 du règlement européen sur les phytosanitaires. Celui-ci permet en effet de déroger à l'interdiction de certains produits lorsqu'il existe un «danger qui ne peut être maîtrisé par d'autres moyens raisonnables».
A cause de ce virus, qui se développe sur les cultures dont les semences n'ont pas été enrobées au préalable de ce produit, les rendements se sont effondrés, menaçant la pérennité de la filière. Or, la France est le premier producteur de sucre européen et le secteur emploie plus de 46.000 personnes. C’est pourquoi le gouvernement a donné son accord, précisant que l'usage de ces pesticides, interdit en France depuis septembre 2018, ne pourra être étendu à aucune autre culture. Début août, les producteurs de maïs avaient également demandé une dérogation.
Valable jusqu’en 2023 maximum, cette ré-autorisation sera accompagnée d'une série de mesures. Un budget de 5 millions d'euros est notamment prévu afin d'accélérer la recherche de solutions agronomiques, ainsi qu’un dispositif d'indemnisation des agriculteurs touchés, et la mise en place, d'ici à la fin de l'année, d'un plan de protection des pollinisateurs.
Les néonicotinoïdes sont utilisés en agriculture pour protéger les cultures, mais aussi en tant que biocides ou médicaments vétérinaires. La famille des néonicotinoïdes est composée de sept molécules : l'acétamipride, la clothianidine, le dinoturéfane, l'imidaclopride, le nitempyrane, le thiaclopride et le thiaméthoxame. Disponibles depuis le milieu des années 1990, ces pesticides ont la particularité de s’attaquer directement au système nerveux central des insectes. Et les abeilles, principal insecte pollinisateur, y sont particulièrement sensibles.