Une ampleur «historique». Le gouvernement a présenté ce jeudi 3 septembre son très attendu plan de relance, d’un montant de 100 milliards d’euros sur deux ans, destiné à faire face aux conséquences désastreuses de la pandémie de Covid-19 et du confinement.
L’exécutif table en effet sur une chute du PIB de 11% cette année et sur la suppression de 800.000 emplois. Trois à quatre fois plus massif que les mesures prises après la crise économique de 2008, ce plan, baptisé «France Relance», vise également le moyen terme. Il doit permettre de «mieux préparer les défis de l’avenir», a expliqué ce jeudi Jean Castex, et de construire la France de 2030.
Trois grandes priorités
Composé de 70 programmes, le plan de relance se structure autour de trois grands axes. Le premier, la transition écologique, se voit allouer 30 milliards d’euros. «Une accélération sans précédent», s’est félicitée la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili. La plus grande partie de cette somme (11 milliards) ira aux transports, dont 4,7 milliards seront affectés au ferroviaire (fret, petites lignes, trains de nuit) et 1,2 milliard aux transports en commun et au plan vélo. Le gouvernement souhaite également accélérer la rénovation énergétique des bâtiments, en y consacrant 7 milliards d’euros.
#FranceRelance est d'abord un plan pour le climat et la biodiversité. Il y consacre 30 milliards d'euros, ce qui revient à doubler, dans les deux prochaines années, la totalité des moyens que l’État consacre habituellement à l’environnement. https://t.co/X8CYf2cD7n
— Jean Castex (@JeanCASTEX) September 3, 2020
Deuxième grande orientation du plan de relance, la compétitivité des entreprises, à laquelle ont été octroyés 35 milliards d’euros. Les sociétés tricolores vont notamment bénéficier d’une baisse pérenne de 20 milliards d’euros sur deux ans des impôts de production. Autre mesure phare, des subventions directes à hauteur de 1 milliard d’euros pour la relocalisation de certaines activités stratégiques, telles que la santé ou l’agroalimentaire.
Enfin, la «cohésion sociale et territoriale» constitue la dernière grande ligne du plan. Sur les 35 milliards qui lui sont alloués, 15 milliards seront dirigés vers l’emploi, «priorité absolue» du gouvernement selon Jean Castex, qui vise la création de 160 000 postes en 2021. Une enveloppe de 6,7 milliards d’euros sera dédiée au «plan jeunes», présenté en juillet (aide à l’embauche de 4.000 euros, contrats d’insertion, service civique étendu...), tandis qu’un «bouclier anti-licenciements», combinant activité partielle de longue durée et formations, sera doté de 7,6 milliards d’euros. Avec ce plan ambitieux, l’exécutif compte retrouver dès 2022 le «niveau de richesse d’avant la crise».
La dette en question
Tout en assumant la stratégie dépensière du gouvernement, Jean Castex a tenu à rassurer sur le financement du plan, «le plus massif annoncé à ce jour parmi les grands pays européens», «en proportion de la richesse nationale». Sur les 100 milliards, 80 % sont des dépenses non pérennes, a-t-il souligné.
De plus, 40 milliards proviendront de subventions européennes, issues du plan de relance de l’UE, adopté en juillet. Un montant qui sera remboursé non pas par la France, mais en commun par les Vingt-Sept, une première. Ainsi, l’impact du plan sur le ratio de dette - attendu à plus de 120 % du PIB en 2020 - sera «presque entièrement résorbé à partir de 2025», prévoit le Premier ministre, qui a répété qu’il n’y aurait «pas de hausse d’impôts».