La quarantaine imposée par le Royaume-Uni à l'arrivée de France est entrée en vigueur samedi, affectant des centaines de milliers de vacanciers et apportant une nouvelle illustration des restrictions qui resurgissent dans le monde pour contenir la pandémie de nouveau coronavirus.
Malgré l'annonce de la prochaine réouverture des musées new-yorkais et celle dès samedi des mosquées, cafés et plages en Algérie, l'heure dans de nombreux pays est au retour des mesures locales pour éviter une nouvelle vague de contaminations de la maladie Covid-19, qui a fauché plus de 760.000 vies dans le monde sur plus de 21 millions de cas recensés.
Face à l'aggravation de la situation sanitaire en France, le Royaume-Uni a imposé samedi 14 jours d'isolement aux voyageurs arrivant de ce pays, mais aussi des Pays-Bas et de Malte, un peu plus d'un mois après les en avoir exemptés. Pays d'Europe le plus endeuillé par la pandémie avec plus de 41.000 morts, le Royaume-Uni craint d'importer des cas sur son sol.
Les Britanniques ou Français résidant en Grande-Bretagne et en vacances en France se sont rués vendredi sur les derniers trains sous la Manche, ferrys et vols, dépensant des sommes parfois exorbitantes, pour anticiper leur retour et éviter de devoir rester à l'isolement chez eux sans pouvoir aller au bureau ou envoyer les enfants à l'école pour la rentrée.
Après l'entrée en vigueur samedi, le trafic est revenu à la normale au port de Calais, où les files d'attente de voitures embarquant sur les ferry avaient atteint 45 minutes dans la soirée. Au départ de l'Eurostar de Paris vers Londres, les passagers se montraient résignés.
«On s'y attendait, mais 24 heures (entre l'annonce et la mise en oeuvre) c'était trop court, impossible pour nous de prévoir quoi que ce soit», constate Jessica, qui rentre de vacances à Argelès (sud). Julie, qui voyage avec elle, se prépare à prendre un congé sans solde le temps de la quarantaine: "C'est compliqué parce que j'ai un nouvel emploi".
Les retours de France concernent 160.000 personnes selon le gouvernement britannique, mais la presse britannique évoque jusqu'à 500.000 voyageurs affectés.
Masques sur les Champs-Elysées
La France a regretté la décision britannique et annoncé qu'elle entraînerait "une mesure de réciprocité". Elle cherche aussi à contenir l'aggravation récente avec la multiplication des cas. A Paris, le port du masque est devenu obligatoire en extérieur samedi matin dans de nombreuses zones comme les Champs-Elysées ou le quartier du Louvre.
Dans le sud-ouest de la France, les célébrations de l'Assomption qui attirent d'habitude jusqu'à 25.000 pèlerins à Lourdes, un des plus importants lieux de pèlerinage chrétien dans le monde, seront réduites à la portion congrue.
Dans de nombreux pays, des restrictions sont imposées face à une résurgence des cas, rendant plus cruciale encore la découverte d'un vaccin, au coeur d'une course acharnée dans le monde.
Même des pays dont la gestion de la première vague épidémique avait été saluée sont concernés. Après la Nouvelle-Zélande qui a prolongé vendredi le confinement d'Auckland, la Corée du Sud a durci samedi les mesures de restrictions sociales à Séoul et ses environs alors que le nombre de contaminations est au plus haut depuis cinq mois. Les rencontres de sport professionnel devront de nouveau être jouées à huis clos.
Parmi les rares avancées vers le déconfinement, l'Algérie a commencé samedi à rouvrir ses mosquées et lieux de détente comme les cafés, restaurants, parcs et plages, après cinq mois de réclusion.
«L'atmosphère à la maison devenait insupportable avec les enfants qui s'ennuyaient, j'en pouvais plus», raconte à l'AFP Soraya, qui est sortie samedi matin très tôt avec sa voisine Fatima et les enfants pour passer la journée à la plage.
Le Royaume-Uni autorise à partir de samedi des cérémonies de mariage et rouvre certains lieux comme les salons de beauté et casinos, une étape du déconfinement qui avait été repoussée de deux semaines en raison de la résurgence des cas.
Aux Etats-Unis le gouverneur de New York a annoncé la réouverture le 24 aout des musées et autres institutions culturelles, après cinq mois de fermeture.
Les Etats-Unis demeurent le pays le plus endeuillé (168.446 morts), devant le Brésil (106.523), le Mexique (55.908) et l'Inde (49.036).
Le pays, confronté à une résurgence de l'épidémie depuis fin juin, a encore enregistré vendredi plus de 60.000 cas et 1.280 morts en une journée, selon le comptage de l'université Johns Hopkins.
Les frontières des Etats-Unis avec le Mexique et le Canada, leurs deux voisins, resteront fermées aux déplacements non essentiels au moins jusqu'au 21 septembre, a annoncé la Sécurité intérieure américaine.