Une vingtaine de maires PS et EELV, dont Anne Hidalgo, tous récemment élus grâce à un programme écologiste, se sont retrouvés mardi 21 juillet à Tours pour une réunion commune. Ils ont acté la construction d’un réseau d’alliance, appelé «Cités en commun», qui se revendique du courant politique de la «social-écologie». Quésaco ?
Allier le socialisme et l'écologie, «la fin du mois et la fin du monde» : voilà le but de la «social-écologie» et l'objectif affiché des maires présents dans la préfecture d'Indre-et-Loire, d'Anne Hidalgo (Paris) à Pierre Hurmic (Bordeaux) en passant par Nathalie Appéré (Rennes), mardi 21 juillet. L'expression a déjà été utilisée par de nombreux partis et mouvements de gauche ces dernières années : Place Publique, crée par Raphaël Glucksmann et Aurore Lalucq en 2018, se déclare lui aussi de ce courant politique. «La social-écologie est l’alliance de la justice sociale et du devoir de préservation de l’environnement et du vivant», peut-on lire sur le site internet du mouvement qui obtenu deux sièges aux dernières élections européennes.
Le terme «social-écologie» et le courant de pensée qui en découle est étroitement lié au Parti socialiste. En 2003, Laurent Fabius, alors député de Seine-Maritime et membre du PS, signe une tribune dans le quotidien Libération intitulée «pour une social-écologie». Celui qui est aujourd'hui président du Conseil constitutionnel militait à l'époque pour une alliance avec les écolos : «la gauche doit relever le défi. Elle doit retenir parmi ses priorités centrales une authentique politique écologique. Nous pouvons compter pour nous y aider sur les Verts», peut-on lire dans le journal de gauche.
Le «bio dans les cantines» marqueur de «la social-écologie» ?
Mais comment ce concept de philosophie politique se traduit-il au niveau local en 2020 ? Comment les édiles, Anne Hidalgo (Paris) et Eric Piolle (Grenoble) en tête, l'articulent-ils à leur gestion de la ville ? Johanna Rolland (PS), qui faisait partie des maires présents à Tours, illustre la volonté de réunir justice sociale et écologie par «le bio dans les cantines» qui est, selon elle, «le point commun de tous nos programmes» et qu'il faut «monter en puissance». «Ca peut paraître mineur, mais c'est un sujet quotidien qui parle de pouvoir d'achat, de climat et de solidarité», a-t-elle expliqué à l'AFP. Le contenu de la réunion qui s'est déroulée entre les maires n'a pas filtré et les participants n'en sont pas encore à inscrire noir sur blanc un programme ou des propositions communes. «En s’alliant, on veut créer un arc humaniste avec des propositions qui peuvent emporter une majorité culturelle», préfère dessiner très largement Eric Piolle, le maire de Grenoble.
La social-écologie a déjà eu son candidat à l'élection présidentielle : Benoît Hamon, en 2017, qui récolta 6% des voix. L'autre candidat de gauche de l'élection, Jean-Luc Mélenchon, préfèrait le terme «d'écosocialisme». En 2012, il critiquait la «social-écologie» dans L'Obs : «quand vous parlez de social-écologie, vous envisagez une écologie avec le souci du social. Ou bien du social avec une sensibilité écologiste. Ça reste en surface, sans toucher au fond du système».
Pourtant «Cités en commun» entend bien se positionner dans l'opposition à Emmanuel Macron : «On sera là pour porter les questions auxquelles le gouvernement n'est pas au rendez-vous: la question écologiste, la traduction de la convention citoyenne pour le climat. Nous allons ensemble pouvoir accélérer le processus et montrer un chemin différent de celui proposé par le gouvenement», promet Anne Hidalgo, maire de Paris et figure incontournable de la réunion mardi. Ce chemin débouchera-t-il sur la désignation d'un candidat à l'élection présidentielle de 2022 ?