Cinq «pirates des autoroutes» nîmois ont été condamnés mercredi à des peines de trois à neuf ans de prison pour des vols violents visant des automobilistes circulant à bord de voitures haut de gamme sur l'A9 et l'A7, lors de l'été 2017.
Ils ont aussi tous écopé d'une interdiction de paraître dans le Gard pendant cinq ans. Rochdi Benjeddou, Abdelaziz Berrada, Lotfy Boussouak, Youness El Asri et Madhi Karroum étaient jugés pour plusieurs vols avec violence visant, toujours avec le même mode opératoire et dans le même périmètre géographique, les occupants de voitures haut de gamme, voire de luxe, pour certaines immatriculées à l'étranger, au détriment d'au moins 24 victimes, particuliers ou sociétés.
Aucune des victimes, décrites par une avocate des parties civiles comme «tétanisées et terrorisées», n'a souhaité venir témoigner au cours des trois jours de procès. Certaines avaient été attaquées à coups d'extincteurs ou de barres de fer après avoir été percutées à vive allure sur l'autoroute ou surprises sur des aires de repos des autoroutes A9 et A7. Des hommes cagoulés et armés les menaçaient ensuite pour les délester de tous leurs objets de valeur et parfois de leur véhicule.
un procès sous haute sécurité pour des multirécidivistes
Le procureur avait requis mercredi de trois à 15 ans d'emprisonnement contre les cinq hommes, âgés de 26 à 29 ans, pour de multiples chefs de prévention, notamment pour association de malfaiteurs en récidive. Il avait dénoncé «le silence et la contestation des faits» des prévenus, originaires du quartier pauvre de Mas de Mingue à Nîmes. «Dans ce quartier, tout le monde craint l'autre par rapport à sa famille», avait assuré le procureur, lors d'un procès organisé avec des mesures de sécurité exceptionnelles au regard du profil des prévenus, multirécidivistes.
Parmi les deux prévenus les plus lourdement condamnés figure Lotfy Boussouak, qui s'était échappé le 28 janvier 2019 devant le palais de justice de Tarascon (Bouches-du-Rhône) grâce à un commando de deux hommes armés et cagoulés. Il avait été arrêté après six mois de cavale dans une ferme isolée du Gard.
«Je ne me lève pas ici pour l'évadé de Tarascon», a rappelé son avocat pendant sa plaidoirie, soulignant que cette affaire était encore à l'instruction à Aix-en-Provence. L'avocat a qualifié celui qui est considéré comme le meneur de ces attaques comme «un écorché vif» pris dans un «engrenage» et conscient d'avoir «gâché sa vie». Les cinq prévenus sont «le fruit de ce qui va mal dans la société», a-t-il ajouté, estimant qu'il y avait des absents dans ce dossier qui a démontré l'existence «d'équipes à tiroirs».
«On ne m'a jamais donné ma chance... Je regrette...», a assuré Lofty Boussouak avant que les juges ne se retirent pour délibérer.