Alors que le nouveau président de la métropole du Grand Paris a été élu jeudi 9 juillet, le rôle de cette institution qui englobe la capitale et sa banlieue, reste encore largement flou pour les millions de personnes qui y vivent.
La métropole du Grand Paris (MGP) a été créée officiellement le 1er janvier 2016. Elle est dirigée par Patrick Ollier, maire LR de Rueil-Malmaison (92), qui a été reconduit pour un second mandat jeudi 9 juillet.
Quels sont ses pouvoirs ?
Dans un objectif de rééquilibrage entre Paris et la banlieue, la métropole dispose de compétences qui lui sont déléguées par les communes qui en font partie, ainsi que par l'Etat, la région et les départements.
La MGP a ainsi des leviers d'action dans les domaines de l'aménagement du territoire, du logement (y compris social), de l'environnement et du développement économique.
Cela s'est traduit concrètement par la mise en place du concours d'urbanisme «Réinventons la métropole», ainsi que des efforts particuliers dans la lutte contre la pollution : création d'une zone de faibles émissions, plan climat métropolitain visant la neutralité carbone en 2050 ou encore prime à la conversion et à l'achat de voitures électriques et hybrides. Elle finance aussi le Vélib' pour l'étendre hors de la capitale.
Après la crise du coronavirus, le Grand Paris s'est également engagé avec un plan inédit de relance économique. Doté de 110 millions d'euros, il devrait se concrétiser par 50 actions d'aides financières et de projets publics.
Mais dans les faits, la métropole souffre d'un champ de compétences flou et d'un manque de pouvoir pour parvenir à imposer ses grands projets aux autres échelons administratifs (région, départements, etc.). Les fonds nécessaires font également défaut.
Quel est son budget ?
La métropole était dotée en 2019 d'un budget de 3,6 milliards d'euros, provenant de taxes sur les entreprises et surtout de dotations de l'Etat. Mais sur cette somme, elle reverse près de 3,4 milliards d'euros aux communes qui la composent, «en compensation» des aides de l'Etat non reçues.
C'est là où le bât blesse ; il restait «seulement» 130 millions d'euros dans ses caisses pour investir dans des projets, selon le rapport budgétaire de l'institution. A titre de comparaison, la ville de Paris dispose d'une enveloppe annuel d'investissement de 1,5 milliard d'euros.
Quel est le territoire couvert ?
La métropole s'étend sur plusieurs départements. Elle englobe totalement Paris et ceux de petite couronne : la Seine-Saint-Denis, les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne.
Elle est aussi à cheval sur des petites parties de l'Essonne (les communes d'Athis-Mons, de Juvisy-sur-Orge, de Morangis, de Paray-Vieille-Poste, de Savigny-sur-Orge et de Viry-Châtillon) ainsi que du Val-d'Oise (la ville d'Argenteuil).
Au total, la MGP s'étale sur 814 km2 dans la zone centrale de la région parisienne, comprend 131 communes (sur 1.200 en Ile-de-France) et représente 7 millions d'habitants (sur 12 millions de Franciliens).
Son siège est situé avenue Pierre-Mendès-France, dans le 13e arrondissement de Paris.
Quel est son fonctionnement ?
Le cœur du réacteur du Grand Paris est le Conseil de la métropole, qui vote les décisions. Celui-ci est composé de 208 conseillers, désignés par les conseils municipaux des 131 communes membres. Leur élection a également lieu ce jeudi 9 juillet.
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Les communes (regroupées en 12 territoires) fournissent un nombre de conseillers plus ou moins élevés suivant leur population. Par exemple, Paris, la ville la plus peuplée, envoie 62 conseillers. A contrario, le territoire le moins dense, «Paris Terres d'Envol», couvrant le nord de la Seine-Saint-Denis, ne dispose que de 9 conseillers.
Enfin, elle est critiquée sur son manque de représentativité, puisque ce ne sont pas les citoyens eux-mêmes qui votent pour les élus métropolitains.
Mais les grandes orientations stratégiques de la MGP sont fixées par le Bureau métropolitain. Il est dirigé par le président de la métropole et comprend 20 vice-présidents aux sensibilités politiques différentes, élus par les conseillers métropolitains.
La première vice-présidente est actuellement Anne Hidalgo, la maire PS de Paris. Le deuxième vice-président est Georges Siffredi, le président LR du conseil départemental des Hauts-de-Seine.
quel est son avenir ?
Patrick Ollier, le président LR sortant, demande des pouvoirs renforcés pour la métropole, en particulier dans les domaines des transports et du développement économique, ainsi qu'un périmètre élargi à des zones stratégiques comme l'aéroport de Roissy ou le plateau de Saclay. En parallèle, il réclame un budget plus élevé.
Son rival à l'élection de président, le jeune (36 ans) Vincent Jeanbrun, entendait «réformer» le Grand Paris pour réduire son périmètre, car il critiquait une «gestion dispendieuse», des «querelles de personnes» et des «doublons» administratifs, sur le site l'Opinion. Il souhaitait en faire «une métropole des maires», qui devait «travailler en synergie avec les autres strates».
Ce proche de Valérie Pécresse semble toutefois moins radical que la présidente (Libres ! ex-LR) d'Ile-de-France. Pour elle, la métropole «n'est pas la bonne échelle», alors que «seule la région offre le bon périmètre et une garantie d'efficacité».
De son côté, Anne Hidalgo a beaucoup insisté sur ce thème pendant sa campagne des municipales. La maire a notamment mis en avant l'importance de cette échelle globale pour la gestion de la qualité de l'air. Emmanuel Grégoire, son homme de confiance, dispose d'ailleurs d'une nouvelle mission «Grand Paris» dans son portefeuille de premier adjoint. Politiquement, la socialiste est un soutien de Patrick Ollier, malgré leur appartenance à des partis différents.
Dans tous les cas, la question de la métropole pourrait bientôt être abordée au plus haut niveau de l'Etat. Peu après son élection, le président Emmanuel Macron avait affirmé sa volonté de «simplifier drastiquement» le mille-feuille administratif du Grand Paris. La réforme, à l'origine prévue fin 2017 avait finalement été enterrée.
Mais le sujet est revenu sur la table à l'occasion de la publication des 50 propositions du Sénat «pour une nouvelle génération de la décentralisation» le 2 juillet dernier. Selon les sénateurs, «le périmètre de la métropole du Grand Paris» fait en effet partie des questions qui «doivent être définitivement tranchées». Emmanuel Macron pourrait s'emparer du sujet dans sa volonté de donner plus de pouvoirs aux territoires.