Pour son second mandat, Anne Hidalgo a décidé de s'entourer de 37 adjoints à la mairie de Paris. Une équipe imposante, qui suscite des critiques sur son coût. Mais cet argument financier est limité.
Tout d'abord, il faut savoir que ces 37 adjoints ont auparavant été élus conseillers de Paris au second tour des municipales. Ils ne cumulent pas les deux salaires et auraient donc conservé celui de conseiller de Paris s'ils n'avaient pas été désignés adjoints.
Fière de cette belle équipe qui portera les couleurs de Paris et au service des Parisiennes et des Parisiens pour les six prochaines années ! pic.twitter.com/Xg3rqzAGRm
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) July 3, 2020
Un conseiller de Paris gagne 4.283 euros brut, quand un adjoint émarge à 5.639 euros par mois brut, d'après la rémunération appliquée dans la fonction publique et la délibération du conseil de Paris fixant ces indemnités. La différence entre les deux postes est donc de 1.356 euros.
Ces 10 adjoints supplémentaires représentent donc un «surcoût» de 13.650 euros mensuels, par rapport à s'ils étaient restés simples conseillers de Paris. Soit 163.800 euros sur l'année. Cette dépense est imputée au budget de fonctionnement de la ville de Paris, qui s'est élevé à 7,9 milliards d'euros pour l'année 2019.
10 adjoints supplémentaires
Anne Hidalgo avait terminé son premier mandat avec une équipe composée de 27 adjoints. Auparavant, ils représentaient une masse salariale de 152.253 euros mensuels. Avec les 10 adjoints supplémentaires, elle passe à 208.643 euros mensuels.
Ces fonctions représentaient au total 1,8 millions d'euros annuel contre désormais 2,5 millions. A l'échelle d'un mandat de six ans, la précédente équipe «valait» près de 11 millions d'euros contre 15 millions actuellement.
Légalement, Anne Hidalgo reste dans les clous puisque le maire de Paris peut nommer jusqu'à 48 adjoints. Et elle n'est pas si loin des niveaux de son prédécesseur : en 2001, Bertrand Delanoë avait nommé 33 adjoints en 2001, puis 36 adjoints en 2008.
Des critiques «sur la gabegie» à droite
Alors que la gestion du budget de la capitale est un sujet de division de longue date entre la gauche et la droite, l'opposition dénonce le coût d'un entourage si fourni. Marie-Claire Carrere-Gée, présidente du groupe LR au conseil de Paris (en attendant la passation à Rachida Dati), évoque des dépenses atteignant 65 millions d'euros sur la mandature pour ces 37 adjoints. Ce qui représenterait 17,5 millions sur six ans pour les 10 nouveaux adjoints nommés par Anne Hidalgo.
A peine élue, la 1ere décision d’@anne_hidalgo à #Paris est de nommer 37 adjoints.
Coût: 65 000 000 €
Les Parisiens et les entreprises parisiennes, dont tellement n’arrivent plus à joindre les deux bouts après #COVID__19, apprécieront.#çacommencebien— Marie-Claire Carrere-Gee (@MCCG) July 4, 2020
Marie-Claire Carrere-Gée ajoute en effet dans son calcul les créations d'un cabinet pour chacun d'entre eux, avec «les secrétariats, les collaborateurs, les équipements et une évaluation des services annexes (voitures de fonction et chauffeurs)».
Un argument que la mairie de Paris réfute ce dimanche 5 juillet. «Anne Hidalgo s'est engagée à ce qu'il n'y ait pas de création de poste». A l'issue du «mercato» en cours dans les couloirs de l'hôtel de ville, le nombre de collaborateurs de cabinets devrait donc «rester à son niveau actuel, un peu en dessous de la limite légale de 145 personnes».
des adjoints aux fonctions critiquées
Idem pour les secrétariats, avec des «redéploiements» qui seront réalisés à effectifs constants. Pas question non plus d'acheter des locaux pour des nouveaux bureaux d'adjoints, une «réorganisation» est prévue au sein de l'hôtel de ville. Même les ordinateurs des entrants «seront piochés dans le stock» de la mairie.
Concernant la question des «voitures de fonction», la mairie a déjà souligné qu'elles n'existent plus depuis une décision de Bertrand Delanoë en 2010. Il s'agit désormais de «véhicules de services», une soixantaine de berlines que les élus et hauts-fonctionnaires ne peuvent utiliser en dehors de leur temps de travail.
Plus largement, Marie-Claire Carrere-Gée «ne conteste pas» à la mairie «d'avoir des moyens d'agir, Paris étant une grande ville». Mais elle pointe «le nombre d'adjoints aux délégations improbables» qui représentent une «gabegie complète», dans la période de crise économique à la suite du coronavirus.
Les critiques fusent en effet concernant l'intitulé de plusieurs nouveaux postes, comme Pierre Aidenbaum nommé «adjoint à la Seine», Carine Rolland «adjointe à la ville du quart d'heure» ou Audrey Pulvar «adjointe à l'alimentation durable et à l'agriculture».
L'entourage de la maire justifie cette équipe renforcée par «l'adaptation aux nouvelles crises à gérer : les conséquences du Covid et du changement climatique». Par exemple, «le confinement a mis en lumière la question de l'approvisionnement de Paris en produits agricoles et alimentaires».