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Un «3e tour» à Marseille pour mettre fin au suspense

La candidate de l'alliance de gauche rintemps Marseillais (PM) Michele Rubirola se prépare à un discours lors due second tour des élections municipales à Marseille, sud de la France, le 28 juin 2020 [CLEMENT MAHOUDEAU / AFP] La candidate de l'alliance de gauche rintemps Marseillais (PM) Michele Rubirola se prépare à un discours lors due second tour des élections municipales à Marseille, sud de la France, le 28 juin 2020 [CLEMENT MAHOUDEAU / AFP]

Un quart de siècle avec Jean-Claude Gaudin, et maintenant ? Après une semaine complètement folle à Marseille, les Républicains, battus dans les urnes, comptent sur le «3e tour» au conseil municipal samedi pour empêcher la gauche et Michèle Rubirola de leur ravir la mairie.

Malgré ses 38,3% des suffrages au second tour dimanche, loin devant les listes LR (30,8%), cette élue de 63 ans, médecin dans des quartiers populaires et écologiste de la première heure, n'est toujours pas assurée d'être la première femme à la tête de la deuxième ville de France.

Loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) oblige, l'élection se fait par secteurs. Et aucune majorité absolue n'est sortie des urnes: 42 élus au conseil municipal pour le Printemps marseillais, large alliance de gauche et d'écologistes, 39 pour les Républicains. Loin, donc, des 51 voix nécessaires, sur 101, pour conquérir l'hôtel de ville et sa vue imprenable sur le Vieux Port et la «Bonne Mère».

Tous les regards se tournent donc vers les neuf élus du Rassemblement national, autour de leur leader Stéphane Ravier, les neuf rassemblés autour de la sénatrice des quartiers Nord Samia Ghali, «femme de gauche» en rupture de ban avec le PS, et les deux voix du dissident LR Bruno Gilles.

Photo prise le 4 décembre 2019 à Paris montrant la sénatrice Samia Ghali<br />
 [Lionel BONAVENTURE / AFP/Archives]
 
Photo prise le 4 décembre 2019 à Paris montrant la sénatrice Samia Ghali

Si le Printemps marseillais a déjà dénoncé un potentiel «hold-up démocratique», résultat de tractations en coulisses, les chiffres sont là: pour s'imposer lors des deux premiers tours de vote, où la majorité absolue est requise, des alliances sont incontournables.

Et Samia Ghali a montré qu'il faudrait compter avec elle. Rejoindre le Printemps marseillais, pourquoi pas, à condition de devenir première adjointe, a-t-elle exigé vendredi, avant d'annoncer le ralliement de Lisette Narducci, ancienne socialiste passée chez Gaudin lors des municipales 2014 et élue cette année sous la bannière de Bruno Gilles.

Une requête aussitôt rejetée par Michèle Rubirola, qui ne veut être «l'otage d'aucun chantage».

Mais c'est bien Mme Ghali qui va rebattre complètement les cartes, au coeur de la nuit, à quelques heures à peine de l'ouverture de ce conseil municipal décisif: face au «refus incompréhensible» du Printemps d'accepter sa main tendue, elle annonce sur Twitter reprendre sa totale liberté de vote, avec ses colistiers, pour «faire le meilleur choix» en faveur des quartiers populaires.

Prime au doyen 

Pour les Républicains, ce énième rebondissement ne peut être qu'une excellente nouvelle. Car eux aussi sont loin de la majorité absolue. Ils comptaient certes sur les trois élus des listes de Bruno Gilles, mais il n'y en a déjà plus que deux, avec le «débauchage» de Mme Narducci. 39 + 2 = 41. Pour devancer le Printemps Marseillais il leur faudra donc aller chercher des voix chez Mme Ghali, ou au Rassemblement national.

Mais avec quel candidat? Alignée depuis 25 ans derrière Jean-Claude Gaudin, la droite marseillaise, déjà plombée par l'ouverture d'une enquête sur de possibles fraudes aux procurations dans son camp, a explosé jeudi.

Battue dans les 6e et 8e arrondissements, réputés imperdables pour la droite, Martine Vassal, dauphine désignée de Jean-Claude Gaudin, a abdiqué. Fini le «duel de dames» face à Michèle Rubirola. Place à Guy Teissier, 75 ans, vieux routier passé dans sa jeunesse par l'extrême droite.

Avantage supplémentaire pour le député LR: prime au doyen oblige, c'est lui qui l'emporterait au troisième tour, disputé à la majorité relative, si deux candidats étaient à égalité...

Mais le coup tactique de la présidente LR de la métropole et du département a fait long feu. Suppléant de Guy Teissier à l'Assemblée nationale et maire des 9e et 10e arrondissements, Lionel Royer-Perreaut, 47 ans, a aussi annoncé sa candidature pour la mairie centrale, refusant de «s'inscrire dans une stratégie d'alliance» avec le Rassemblement national -- une éventualité pourtant officiellement écartée par les leaders de LR.

Deux candidats LR annoncés donc sur la ligne de départ. Une candidate pour la gauche, Michèle Rubirola. Un pour le RN: Stéphane Ravier, le sénateur battu dimanche dernier dans le secteur qu'il avait emporté en 2014, et qui a appelé à «un pacte marseillais» contre «l'extrême gauche».

Et un électron libre, Samia Ghali, qui détient peut-être à elle seule les clefs de l'hôtel de ville.

Le vote se déroulant à bulletins secrets, un résultat surprise sortira-t-il de l'urne samedi ? Début de la fin du suspense à 09H30, sous le regard des Marseillais: plusieurs collectifs citoyens, des associations et des élus du «Printemps» ont appelé les citoyens à venir manifester devant l'hôtel de ville, pour ne pas se laisser "voler leur vote», dans une ville où l'abstention a frôlé les 65%.

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